Nous lisons ces jours-ci d’intenses, sobres et « droit dans les yeux » communications de Volkswagen sous forme d’annonce pleine page dans les grands quotidiens. Leurs pitch : une organisation industrielle, de portée transnationale, au chiffre d’affaire se situant entre le PIB de la Belgique et de la Grèce nous y rappelle ses engagements.
Quatre mois après que le scandale de la tricherie soit survenu, sans qu'on ne connaisse encore les sanctions prises et l’historique du système de tromperie découvert, la marque informe qu'elle compte prendre des mesures de compensation en 2016 et que la sécurité de ses automobiles reste exemplaire. L’ordre d’idée du coût d’un tel achat d’espace pleine page dans un quotidien tels Le Figaro ou Libération se situe environ entre 40 000 à 100 000 euros l’annonce. Je précise cet ordre de grandeur au regard de ce qu'on a exigé et obtenu de gouvernements et d’États c'est-à-dire des.mesures bien plus radicales et rapides (politique de sécurité, transparence des actes et patrimoines des gouvernants, politique économique etc.) que ce rythme de croisière de crise de l’industriel.
Permettons-nous donc d’y ajouter nos propres commentaires et hypothèses (nous n’avons reçu aucune proposition de publicité qui détournerait notre sagacité).
1. Comment élaborer une tricherie ? Le pacte de transgression.
Nous ne sommes pas dans un top-down du commandement : le PDG n’a pas explicitement demandé une telle fraude. On peut imaginer plutôt (en attendant le livre qui nous racontera tout) un scénario créatif dans lequel, de manière informelle, devant la machine à café ou sur un banc d’essai, un ingénieur fait le malin et signale à un collègue qu"il y aurait moyen simple de fausser la mesure. La proposition est développée sur le mode ludique hors circuit de décision jusqu'à ce qu'elle soit soumise à un responsable des essais ou à un responsable
11 décembre 2015
5 juin 2015
“We are a many” et on y travaille ! Simulation de la COP 21
« On n’a pas dormi, pardonnez-nous si on s’évanouit au milieu du discours de clôture » annonce dimanche soir, le porte-parole de la simulation de la 21ème Conférence des Parties.
Ronan intervient avec la "présidente" de la Conférence sur la scène du Théâtre des Amandiers avec ses 208 homologues, étudiants français et étrangers des délégations, répartis en gradins sur la scène, tandis que leur font face, homothétiquement dans la salle, les gradins du public.
Sur un voile transparent est projetée une sphère en rotation, avec un fond musical à la "Star Wars".
Ironie des scénographies de la solennité et de l’énergie collaborative : il y a du lyrisme, il y a de l’Histoire et ce sont des histoires.
Le Théâtre comme Réel démocratique
Trois jours et nuits durant, du 29 au 31 mai, le Théâtre des Amandiers de Nanterre a été le lieu d’une intense fièvre débattrice lors de l'évènement Paris Climat 2015 Make It Work porté par Sciences Po.Au premier plan, les fanions tandis que conversent Bruno Latour et Jan Zalasiewicz. |
La préparation, longue d’une année était identique, la composition des délégations étatiques à peu près du même ordre mais deux composantes notoires ont été introduites :
- la présence d’entités, jugées parties prenantes des enjeux climatiques
- l’interaction, la lisibilité des travaux avec le public, les artistes, les intervenants.
La possibilité d'un lac |
Déclaration reprise par "Coyote" |
Le grand intérêt est double : éthique des nouvelles ontologies, politique de l'écologie
Les entités Forêt ou Banquise comme existantsEn écho aux réflexions sur les souverainetés ontologiques qui participent des territoires, il s'agit de donner voix, représentation, force opératoire politique à des entités qui, de fait sont impliquées dans les évolutions du climat et qui sont des « étants » du territoire au même titre de prétention qu’un gouvernement des humains. Si l’homme co-habite le monde, alors ces co-habitants ne constituent pas seulement un cadre mais un acteur.
Réinscrire l’écologie dans le politique
La planète ne réunit pas, elle divise, chaque entité ayant des coordonnées et des projections locales. Il n’y aura pas de gouvernement mondial autrement qu’affadi et la Nature ne gouvernera pas tant qu’il y aura des hommes. C’est donc dans l’espace politique des humains que le débat doit avancer. En ce sens l’horizon de l’écologie est spirituel mais également politique. De ce point de vue, cette simulation est plutôt un accélérateur de réalité : les discours tenus, les objectifs décrits, les dispositifs méthodologiques, tout y a été mis à plat. Symboliquement, les participants ont joué le jeu d’un aboutissement in extremis des dernières minutes mais ils ont laissé apparaître une scission profonde entre un groupe qui tenait à produire un texte « verrouillé », négocié à la virgule, sur le mode d’une authentique conférence diplomatique et un groupe qui tentait de dessiner l’irrésolu des enjeux, des cartographies, des projets.
La diffusion en temps réel des trouvailles, expressions par le fanzine Coyote, les visites qui rappellent aux congressistes l’attente et la vigilance d’un public, les conférences des géologues sur les marqueurs de l’Anthropocène ou d’anthropologues sur la reconnaissance d’entités ou sur la responsabilité désignée de grandes compagnies (oui, c’est l’humain qui est responsable mais on peut donner le n° de téléphone des présidents de quelques Compagnies), tout cela, dans ce théâtre produit de singuliers accents de vérité démocratiques.
On peut supposer que Ségolène Royal s’est tenue très avertie de ces travaux pour annoncer le lendemain matin de cette clôture que "tout était à revoir dans le dispositif de la COP 21".
Lien du site : www.cop21makeitwork.com
Infos sur la COP21 : ici
5 mai 2015
L’intelligence collective, ressource de l’innovation, mais comment ?
L’innovation est la nouvelle frontière : par quels processus garantir son avènement dans un groupe-projet ?
L’expertise, les technologies, les outils de com sont des ingrédients nécessaires mais la ressource essentielle est humaine : le groupe porteur du projet dispose-t-il des attitudes, méthodologies qui facilitent le mouvement d’innovation ? Car, une fois l’expertise repérée, débute en effet le vrai travail, risqué, exigeant, plaisant et passionnant du dépassement par la mise en commun (ou de l’enlisement ou de l’affadissement quand ça ne prend pas collectivement).Expérimentalement, dans le cadre de nos sessions de communication managériale, nous explorons cliniquement les modalités et les alternatives d’un tel processus de communication en grand groupe et voici quelques éléments.
Comment ça marche : deux dispositifs parallèles.
90 participants constitue un groupe assez lourd et l’on convient généralement qu’en formation, des groupes de 8 à 12 sont plus appropriés. Pourtant, de tels groupes existent et interagissent fréquemment, dans des équipes de travail, des services, des promotions d’étudiants, des unités de production et il est donc intéressant de questionner le cheminement de leurs élaborations collectives.
Un grand groupe de 90 jeunes ingénieurs réfléchit ensemble à une question que notre équipe d’intervenants lui a posé, autour du thème de l’innovation. Afin de garantir une participation de tous, des sous-groupes sont constitués qui vont débattre ensemble de la question posée. Une grande feuille de paperboard recueille les propositions de chaque groupe. Nous autres animateurs veillons à ce que les participants ne s’orientent pas vers une dissertation abstraite mais bien vers des propos "à la première personne" s’appuyant sur leurs expériences vécues.
Au terme de ce premier cycle, chaque groupe va désigner 2 représentants, un pour une filière de l’écrit, l’autre pour une filière de l’oral. Ces représentants quittent la grande salle commune pour élaborer à l'écart un discours de synthèse respectant la filière écrite ou orale de leur mandat. Le groupe des orateurs va poursuivre ce débat tout en désignant de nouveaux représentants, ce qui aboutira à un orateur final, censé « incarner » la pointe pyramidale représentative du grand groupe.
Dans la filière de l’écrit, la lourdeur de la tâche (rédiger un texte commun) impose de créer 2 groupes parallèles qui vont produire un texte final (représentant donc la moitié du grand groupe).
Représenter : atouts ? |
Deux nouvelles questions sont parallèlement introduites et proposées à l’investigation de tous les participants, groupe initiaux et représentants.
Dépouillement en temps réel |
A l’issue du cycle de débat, nous recueillons les résultats des investigations.
La fin de séance est consacrée à la comparaison entre restitution orale et restitution écrite, entre production participative et délégation aux représentants ainsi qu'au "traçage" des contenus des discours restitués.
Les résultats
Au-delà de la performance de production d’une synthèse finale et d’investigations très participantes, ce dispositif alerte puissamment sur les enjeux de la communication managériale.
19 mars 2015
Trophées 2015 – ETP au Féminin. Les femmes dessinent le management contemporain
Une comédienne nous joue la visite
impromptue de la Reine d’Angleterre, avant de commenter les
stéréotypes des « emplois » et rôles féminins des
personnages de théâtre.
Une responsable sécurité du Louvre
profite du moment pour dire à son père que, oui, ingénieur c’est
un métier de fille.
Une responsable de chantier de
réhabilitation en milieu occupé, dans une « cité sensible »
de Seine-Saint-Denis s’étonne que cette réussite humaine,
méthodologique et financière lui ait fait décerner un prix de
« Grand projet ».
Le point commun entre ces
interventions ? Elles émanent de femmes ingénieur diplômées de l’ESTP, la plupart distinguées par leur entourage, par leur
entreprise et par le jury ETP au Féminin qui vient de décerner ses Trophées 2015 jeudi 12 mars au siège de la Fédération Française du
Bâtiment. L’organisation en a été assurée avec tact, poigne,
clarté et efficience par Nathalie Mousselon, Présidente du réseau ETP au Féminin.
Membre de ce jury, j’ai une fois de
plus été très touché par les candidatures et notamment les 19
nominées, que leur talent et leur engagement ont rendu très
difficiles à départager.
Ce concours est un excellent
observatoire des tendances managériales et les DRH ne s’y sont pas
trompés qui cochaient les caractéristiques des nominées dans le
livret réalisé par la Junior Entreprise ETP.
Virginie Prigent, lauréate 2015, reçoit son trophée des mains de Michel Gostoli, Président d'Eiffage Construction |
Rapidement quelques commentaires issus
de cette sélection et de mes enseignements de communication
managériale dans la filière.
Au-delà de la progression statistique,
la féminisation du management préfigure et dessine le meilleur
devenir du management contemporain : ne vous y trompez pas,
c’est là que ça se passe. 30 % de filles dans l’école mais 50
% de filles dans les filières à double diplôme et dans les
meilleurs résultats de promo. Dans un atelier de communication
managériale, la mixité ouvre immédiatement au collaboratif et à
l’élargissement des argumentations et négociations.
Quatre dimensions de la féminisation
managériale au moins :
La dimension collaborative y est
systématique. C’est fini la toute-puissance de l’ingénieur-
sachant : ces femmes manager posent des questions, à leurs
clients, à leurs équipiers, à leurs partenaires, à elles-mêmes.
Ce questionnement est le levier royal de l’intelligence collective.
La prise en compte de l’intérêt général
Ces managers ne roulent pas pour elles mais pour des
projets, pour du sens, avec des équipes. Leurs attentions pour les
équipes sont étonnantes dans le management classique : gestion
du temps, prévention des risques, attention au confort des salariés
(alimentation, temps de partage, albums photos, vies de famille,
liens avec les écoles, etc.). Un curieux trait qui pourrait
sembler un détail a souvent été mentionné par les parrains ou les
proches : la notion de courage. C’est que ces managers
(femmes), parce qu'elles ne pensent plus « problèmes/solutions »
mais « complexité/collectif » affrontent des situations
très difficiles, voire « indémerdables », dans
lesquelles le passage en force serait contreproductif. Tout paraît
bloqué car il faut parler, sans solution préalable. Elles y vont et
ça marche : blocage de site minier, multi-culturel miné,
réhabilitation en milieu occupé « sensible », etc. Elles déminent car elles ne prétendent pas pouvoir le faire seules.
L’inscription dans le temps
La
notion de durabilité s’oppose à celle du coup, du « one-shot »,
du court-terme. Ces managers intègrent souvent les notions de
responsabilité, de solidarité tout en maintenant leurs exigences de
profitabilité. Il s’y manifeste concrètement une éthique de
responsabilité pragmatique.
Le spectre complet de la décision
Tous les dossiers de candidatures sont passionnants à lire car tous
sont des récits de convictions, de questionnements,
d’accomplissement. Aucune variable ponctuelle ne l’emporte car ce
qu'elles veulent c’est tout : s’épanouir personnellement,
construire des projets profitables, signer des ouvrages responsables
et honorables, renforcer des équipes, jouer un rôle sociétal,
transmettre leur passion, etc.
Ces femmes managers bâtissent un
nouveau monde. Chacune, très spontanément, sans lire de notes, a
trouvé les mots pour poser les enjeux.
Cette mise en jeu de toutes les
motivations d’un individu, inscrit dans un collectif, est une
ressource décisive. Comme le disait une des lauréates : « les projets ne sont pas toujours ceux dont on rêvait mais on y met tout notre cœur. »
Donner les conditions qui permettent à ces
talents de s’animer, c’est une mine d’or pour l’entreprise.
Voir le palmarès du Trophée ETP au Féminin 2015
Vous pouvez découvrir les parcours des candidates et des lauréates dans le dossier spécial « 2éme Trophée ETP au Féminin » de la revue L’Ingénieur-Constructeur de mars-avril.
Voir le palmarès du Trophée ETP au Féminin 2015
Vous pouvez découvrir les parcours des candidates et des lauréates dans le dossier spécial « 2éme Trophée ETP au Féminin » de la revue L’Ingénieur-Constructeur de mars-avril.
27 février 2015
Les roots de l'Art
C'est une Babel amazonienne et c'est en France. Telle est la Guyane. Parcourue de grands fleuves, couverte de forêts et mangroves, et de poussières d'or qui ont aimanté ses colonisations successives. Ce n'est pas seulement un bout du monde où envoyer au bagne les « irrécupérables », droits communs ou politiques. C'est aussi le séjour de multiples communautés qui vivent, produisent, font trace en ces climats de moite déliquescence. Cette trace, appelons-la culture et c'est l'immense travail de l'association Chercheurs d’Art d'en donner les clefs, c'est-à-dire la Route.
Elles tressent les coiffures, ils gravent les pagaies et tout ce qui fait usage, elles modèlent des céramiques, ils peignent des ciels de case. Sans trop savoir pourquoi, dans la trace des aïeux, dans le lent façonnage des matériaux nobles ou d'opportunité, ils bricolent une œuvre, entre séjours d'abattis, vente de bord des routes sous le carbet à la bière fraîche.
Le mérite ancien de Chercheurs d'art et tout précisément de Patrick Lacaisse est de les avoir rencontré, accompagné dans leurs équipées de chasse et de bricole et peu à peu d'en avoir réaffirmé l'apanage contemporain. Ces gestes de tradition ont en effet emprunté des formes de circonstance, glané des propos en écho circulatoire des signes de l'art. Ils constituent aujourd'hui un patrimoine en mouvement des arts "contemporains" de tradition. Et plutôt que de les récupérer à l'aéroport ou dans de savantes muséographies, l'association a conçu, avec un O.N.F. bienveillant et bien inspiré, une route qui repère, inventorie les multiples formes de la vitalité esthétique des artistes guyanais (l'ouest guyanais, entre Mana et Saint-Laurent-du-Maroni).
Ce sont 60 artistes de bords des routes et des fleuves, signalés par un totem-pagaie, qui accueillent le visiteur dans leur atelier. La plupart, sur le mode autochtone (aborigène ?), signent individuellement mais dans une tradition perpétuée. Il y a des bancs zoomorphes d’inspiration chamanique de chez Adelison Amimba, les poteries Kali’na de Neddy Rosenberg et Martina Nassia, des hamacs wayanas, des tissages Hmong...
Il faut y aller (nous y sommes allés), il faut y suer, se saluer de rhum et de danse et s'émerveiller soudain de cet art délicat, sophistiqué, issu de mains rugueuses, de vieilles gouges et Opinels et de dialogues opportunistes avec l'environnement proche, qui fournit bois précieux, graines, argiles, plumes et couleurs.
Il n'y a d'art que dans la langue énigmatique d'une expérience et d'un lieu. En ce moment ça se passe en Guyane autant qu’à Brooklyn. Chercheurs d'art a trouvé ces pépites pour notre contentement.
Le fleuve et la forêt sont les grands constituants de cette expérience. La pagaie de bois dur est donc le paratonnerre ajouré de ces dialogues, tenus par le travail humble de la répétition patiente et l'orgueil de faire belle trace. Élégance de la nage, beauté de l'ornementation dont l'utilité est tout juste prétexte.
Celle, ci-contre, est personnelle, je l'ai acquise sur les bords amont du fleuve et c'est un beau souvenir de dérive, de rencontre et de surgissement des formes rares.
En savoir plus :
La route de l’Art, guide-catalogue, Éditions ONF 2014, avec de belles photos de David Damoison.
Le CARMA, Centre d’Art et de Recherche de Mana, nouvellement créé à Mana, Pk1, RD 22.
Région Guyane : en lien ici
Elles tressent les coiffures, ils gravent les pagaies et tout ce qui fait usage, elles modèlent des céramiques, ils peignent des ciels de case. Sans trop savoir pourquoi, dans la trace des aïeux, dans le lent façonnage des matériaux nobles ou d'opportunité, ils bricolent une œuvre, entre séjours d'abattis, vente de bord des routes sous le carbet à la bière fraîche.
Le mérite ancien de Chercheurs d'art et tout précisément de Patrick Lacaisse est de les avoir rencontré, accompagné dans leurs équipées de chasse et de bricole et peu à peu d'en avoir réaffirmé l'apanage contemporain. Ces gestes de tradition ont en effet emprunté des formes de circonstance, glané des propos en écho circulatoire des signes de l'art. Ils constituent aujourd'hui un patrimoine en mouvement des arts "contemporains" de tradition. Et plutôt que de les récupérer à l'aéroport ou dans de savantes muséographies, l'association a conçu, avec un O.N.F. bienveillant et bien inspiré, une route qui repère, inventorie les multiples formes de la vitalité esthétique des artistes guyanais (l'ouest guyanais, entre Mana et Saint-Laurent-du-Maroni).
Ce sont 60 artistes de bords des routes et des fleuves, signalés par un totem-pagaie, qui accueillent le visiteur dans leur atelier. La plupart, sur le mode autochtone (aborigène ?), signent individuellement mais dans une tradition perpétuée. Il y a des bancs zoomorphes d’inspiration chamanique de chez Adelison Amimba, les poteries Kali’na de Neddy Rosenberg et Martina Nassia, des hamacs wayanas, des tissages Hmong...
Il faut y aller (nous y sommes allés), il faut y suer, se saluer de rhum et de danse et s'émerveiller soudain de cet art délicat, sophistiqué, issu de mains rugueuses, de vieilles gouges et Opinels et de dialogues opportunistes avec l'environnement proche, qui fournit bois précieux, graines, argiles, plumes et couleurs.
Il n'y a d'art que dans la langue énigmatique d'une expérience et d'un lieu. En ce moment ça se passe en Guyane autant qu’à Brooklyn. Chercheurs d'art a trouvé ces pépites pour notre contentement.
Le fleuve et la forêt sont les grands constituants de cette expérience. La pagaie de bois dur est donc le paratonnerre ajouré de ces dialogues, tenus par le travail humble de la répétition patiente et l'orgueil de faire belle trace. Élégance de la nage, beauté de l'ornementation dont l'utilité est tout juste prétexte.
Celle, ci-contre, est personnelle, je l'ai acquise sur les bords amont du fleuve et c'est un beau souvenir de dérive, de rencontre et de surgissement des formes rares.
En savoir plus :
La route de l’Art, guide-catalogue, Éditions ONF 2014, avec de belles photos de David Damoison.
Le CARMA, Centre d’Art et de Recherche de Mana, nouvellement créé à Mana, Pk1, RD 22.
Région Guyane : en lien ici
5 février 2015
Nouveau catalogue des maladies organisationnelles, le Pape François en Dalaï-lama
A l’occasion de la fin d’année, le staff du Vatican, la Curie romaine, a reçu les vœux du pape : à la fois réancrage compassionnel et remontrance sévère. Les maladies qui menacent ou plutôt affectent le corps de l'Église, incarné par la Curie, ont été rappelées d'une manière à la fois traditionnelle, ancrée dans les exhortations des Pères du désert mais également extrêmement moderne, c'est-à-dire d'une portée existentiellement compréhensible, tels les enseignements du Dalaï-Lama pour se réaliser, bouddhiste ou non...
La planification excessive
Un projet vital doit préserver une part d’inédit, de créativité qui sont l’indice réel d’une dimension collaborative. Le collaboratif produit des événements, des ajustements que la planification excessive au contraire éteint. Si vous savez comment va se conclure votre prochaine réunion importante, c’est qu’elle est inutile et non-collaborative. Annulez-là vous gagnerez du temps. Le cadre et la décision c’est vous, le contenu c’est tous les participants.
Potins et commérages
Cette petite faiblesse humaine est pourtant vilipendée par le Pape. Il la décrit comme un facteur de zizanie, comparable au travail de Satan. A l’heure des réseaux sociaux et des dérives virtuelles, il est patent que la logique de communication restreinte, dans le temps et dans un périmètre, doit accompagner tout projet. Une communication pertinente, c’est à la fois une communication libre et souple, créative mais également canalisée. Ce qui est dit dans le cadre d’une réflexion collective ne doit pas "fuiter", par Twitter ou en se ruant sur les micros. Chacun d’entre nous peut dire des horreurs en conversation privée, qui sont des accélérateurs de débat, mais n’auraient aucune pertinence à être rendues publiques. De potins en buzz, c’est tout le projet qui se dégrade.
Courtisanerie auprès du chef
Plus on s’approche du pouvoir, plus la complaisance et le mimétisme de langage, de valeurs et d’attitudes se développent. Cela conduit à un découplage de la communauté de projet avec son environnement social réel. Dans les situations de transgression éthique, la courtisanerie entretient et accélère les pactes toxiques. Que le moteur en soit la corruption financière ou l’allégeance au pouvoir, les comportements s’irréalisent hors-sol jusqu’au fracassement final. L’affaire DSK, que ses proches (les conseillers) n’ont su protéger de lui-même, les laboratoires Servier, les manœuvres abusives inflationnistes autour de Liliane Bettencourt, outre l’intérêt direct, tous ces processus ont été alimentés par la courtisanerie.
Vaste programme de re-fondation : théologique, structurel, organisationnel et politique. Le Dalaï-Lama a pour seul ennemi l’État chinois. Le pape François en a aujourd'hui beaucoup plus.
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