À qui appartient le temps ? (2)
Au sommet |
La pyramide n' aucune réalité pré-hispanique |
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Il y a 14 mille ans que les hommes marchent en Argentine ,
traversant les déserts, la Cordillère, s’établissant sur les plateaux,
traçant des voies.
Ce que nous en savions historiquement tenait aux conquistadors et aux Incas..
Mais avant les Incas et après la Conquista se tiennent ceux de la
terre, les aborigènes disent encore les notices muséales, mais plus
simplement les Quechuas, les Guarani, les Wichis, les Calchaquis, entre autres..
Deux traversées du temps -
2. La Pucara de Tilcara. Reconfigurations vertigineuses des mémoires
Une autre traversée du temps
Donc j'ai bien parcouru la Pucara de
Tilcara, annoncée comme un site inca, étape du Qhuapaq Ñan.
Mais au fur et à mesure de la montée sur le site, sous le même soleil inca, avec d'identiques cactus candélabres, petit à petit jusqu'à l'élucidation finale du sommet un dévoilement mémoriel se résoud.
La butte existait, oui.
Une place forte existait, oui.
Mais ce qui se voit de vestiges, ce qui se manifeste est en fait une reconstitution : avant les Incas la place forte existait, occupée par les populations Wishi et quechuas. Les Incas, lorsqu'ils étendent leur empire de Cuzco jusqu'au Nord-Ouest Argentin, prennent possession de cette butte et en font une place forte de leur réseau de routes.
A cette époque on construit en adobe, en pise et les constructions sont basses afin de garder fraicheur en été et surtout chaleur en hiver, adaptées à la taille des habitants. Or les constructions reconstituées sur le tracé des ruines au XXeme siècles sont plus hautes et surtout réalisées en pierres jointoyées cimentées. une technique anachronique du monde préhispanique local.
Tout au sommet est érigé un édifice parfaitement photogénique, en évocation de pyramide et dont on devine de loin la silhouette. Mais il s'agit en fait d'un monument-mausolée, hommage aux deux archéologues "argentins" (Juan Ambrosetti et Salvador Debenedetti, ayant "découvert" le site et "exhumé" des civilisations disparues tel que l'annonce la plaque commémorative).
Ces peuples n'avaient pas disparu, n'ont pas disparu. Ils vivaient et vivent tout autour et revendiquent pour leurs communautés des droits sur ces terres.
Reconfigurations constantes des
mémoires : qui vit ici ? Qui se souvient ?, Qui retrouve ? Qui exhume ?
Qui reconstruit ? Qui écrit les cartels ? Qui signe ?
Concurrence irrésolue
des mémoires.
Indiens pas contents. Moi content cependant (avec gilet quechua très
décathlonien )
car j’ai finalement trouvé ce que j’espérais : la musique des Andes, passion de mes 20 ans et qui garde la mémoire.
Sikus, quenas et bombo)
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Bombo, guitare et cornet géant à Salta
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