C’est écrit partout dans ce blog : la question contemporaine est celle du « Nous ».
Qui sommes-nous , que voulons-nous et comment le dire ?
Communautés d’espèces (bientôt 8 milliards d’humains ?) , communautés natives, communautés contractuelles (équipes de foot , entreprises et associations,..) , communautés ponctuelles (des barbus), communautés de circonstance (des naufragés), communautés politiques (Brexit ?) la question communautaire se révèle à chaque instant de l’exister politique.
Heureusement l’art y répond et tout particulièrement le théâtre qui est un art de la présence vécue.
Ainsi donc Ivana Muller propose un dispositif scénique qui accueille le spectateur à se mirer dans le groupe de circonstance qu’il constitue avec les autres spectateurs à chaque représentation.
Nous nous faisons face, lecteurs-spectateurs |
Pour 10 euros, nous nous asseyons sur une chaise numérotée et suivant certaines consignes arbitraires nous sommes assignés à un texte qui explore, propose diverses réactions à ce mode de présence inédit. Nous spectateurs sommes les otages et les interprètes et les passeurs et les exposants d’un texte qui joue de ces ambiguïtés. Qu’est-ce qui nous rassemble ? L’attente d’un acteur ?
L’envie de faire quelque chose de ce hasard ? Quoique ce ne soit pas le hasard d’une déambulation qui nous a assis au bord de ce plateau.
L’envie d’une rencontre ? On s’est rencontré au théâtre il ya 10 ans, j’aimais bien son accent sud-américain..
La possibilité d’un geste gratuit et libre ? On se met tout nu ? Euh, pas trop, ici c’est une église..
Une heure de jeu et surprise d’entendre dialoguer, lire à voix haute des non-acteurs ? En tout cas non rémunérés ici..
Quelle colère nous rassemble ? Quel ennui de nous-même ? Quel rêve d’ailleurs ? Quel ici partagé ?
En tout cas ce petit rituel qui garde ses protagonistes dans le fil de la conversation. Qu’avons-nous vécu ici ? D’où cela vient-il ?
Kundera et Godard en figures tutélaires délicieusement ironiques plutôt que Artaud ou Eschyle..