13 novembre 2013

Le management collaboratif pris au mot par l’Artiste

La 55eme Biennale de Venise a récompensé par une Mention Spéciale Abstract speaking‐sharing uncertainty and collective acts, un ensemble d’œuvres de Koki Tanaka qui, en réponse à l’intitulé Il palazzo enciclopedico développe une approche incertaine et précaire de la connaissance reposant sur l’établissement d’une communauté minimale. C’est une métaphore de ce que j’appelle « l’entreprendre » : une communauté de projet qui s’établit ponctuellement (le temps du projet) et humblement (en bricolant avec l’existant humain, pas forcément avec les meilleurs du monde et pas forcément avec tous les moyens).
Koki Tanaka, dans la mémoire de Fukushima, "tsunamée" puis radioactive, doublement submergée par le destin naturel et l’impéritie humaine, propose de ré-établir du commun à partir d’actes élémentaires (notamment son programme Precarious tasks). Ceux-ci sont intimes et partagés, tels un sommeil raconté ouvrant sur des rêves mis en commun, un échange sur les noms de famille qui sont les nôtres tout en dînant de rations de survie pour réfugiés de Fukushima.
Plus managériaux, les réflexions sur le collaboratif inventent des tâches nécessitant concertation : jouer du piano simultanément à 5, mais surtout la performance visant à faire réaliser collectivement une coupe de cheveux sur une personne par 9 coiffeurs.

Koki Tanaka, Hairdressers
Réalisé à San Francisco, avec des coiffeurs professionnels de diverses origines culturelles, l’exercice est un condensé méthodologique de management collaboratif : mise au service du modèle (on débute par un dialogue à propos de ses rêves, de son moment de vie), débat à la table autour des possibilités et propositions, dessin de l’architecture générale, passage à la réalisation avec délégation des interventions, corrections en temps réel, réactions du client, indices du plaisir chez les coiffeurs intervenants, puis célébration de l’aboutissement. Le collaboratif s’y avère à la fois productif, à construire, inédit (non prédictible dans sa forme), au service d’un projet-client, et nécessairement méthodologisé par des temps de médiation. J’ai d’ores et déjà mis au programme de mes formations managériales ce petit bijou de bricolage collaboratif accompli.
Vous pouvez voir/revoir son travail en cliquant ici

4 novembre 2013

Les âges de l’éthique, Tony Montana et GTA V

Si durant la journée, je développe mes séminaires d’automne sur l’éthique, il m’arrive aussi le soir de jouer, de rencontrer du monde et d’en tirer en ces occasions de nouveaux enseignements.

Tony Montana, une référence générationnelle
Jouant à Time’s up, un jeu où il s’agit que des équipiers fassent trouver à leur partenaire un nom de personnage, fictif ou réel, j’ai encore une fois constaté l’écart générationnel des évidences culturelles. Souvent apparu dans les ateliers créatifs (projectifs sur l’image de soi) de communication en grandes écoles, là encore, dans ce petit jeu de soirée, un nom était partagé par ce couple de jeunes joueurs (21 ans) comme une évidence : Tony Montana. Héros de Scarface, le film de Brian de Palma - l’ascension et la dégringolade de Tony Montana - a été vu et revu en DVD (pas au cinéma), par de nombreux jeunes gens. S’il n’est un guide-modèle que dans