« On n’a pas dormi, pardonnez-nous si on s’évanouit au milieu du discours de clôture » annonce dimanche soir, le porte-parole de la simulation de la 21ème Conférence des Parties.
Ronan intervient avec la "présidente" de la Conférence sur la scène du Théâtre des Amandiers avec ses 208 homologues, étudiants français et étrangers des délégations, répartis en gradins sur la scène, tandis que leur font face, homothétiquement dans la salle, les gradins du public.
Sur un voile transparent est projetée une sphère en rotation, avec un fond musical à la "Star Wars".
Ironie des scénographies de la solennité et de l’énergie collaborative : il y a du lyrisme, il y a de l’Histoire et ce sont des histoires.
Le Théâtre comme Réel démocratique
Trois jours et nuits durant, du 29 au 31 mai, le Théâtre des Amandiers de Nanterre a été le lieu d’une intense fièvre débattrice lors de l'évènement Paris Climat 2015 Make It Work porté par Sciences Po.Au premier plan, les fanions tandis que conversent Bruno Latour et Jan Zalasiewicz. |
La préparation, longue d’une année était identique, la composition des délégations étatiques à peu près du même ordre mais deux composantes notoires ont été introduites :
- la présence d’entités, jugées parties prenantes des enjeux climatiques
- l’interaction, la lisibilité des travaux avec le public, les artistes, les intervenants.
La possibilité d'un lac |
Déclaration reprise par "Coyote" |
Le grand intérêt est double : éthique des nouvelles ontologies, politique de l'écologie
Les entités Forêt ou Banquise comme existantsEn écho aux réflexions sur les souverainetés ontologiques qui participent des territoires, il s'agit de donner voix, représentation, force opératoire politique à des entités qui, de fait sont impliquées dans les évolutions du climat et qui sont des « étants » du territoire au même titre de prétention qu’un gouvernement des humains. Si l’homme co-habite le monde, alors ces co-habitants ne constituent pas seulement un cadre mais un acteur.
Réinscrire l’écologie dans le politique
La planète ne réunit pas, elle divise, chaque entité ayant des coordonnées et des projections locales. Il n’y aura pas de gouvernement mondial autrement qu’affadi et la Nature ne gouvernera pas tant qu’il y aura des hommes. C’est donc dans l’espace politique des humains que le débat doit avancer. En ce sens l’horizon de l’écologie est spirituel mais également politique. De ce point de vue, cette simulation est plutôt un accélérateur de réalité : les discours tenus, les objectifs décrits, les dispositifs méthodologiques, tout y a été mis à plat. Symboliquement, les participants ont joué le jeu d’un aboutissement in extremis des dernières minutes mais ils ont laissé apparaître une scission profonde entre un groupe qui tenait à produire un texte « verrouillé », négocié à la virgule, sur le mode d’une authentique conférence diplomatique et un groupe qui tentait de dessiner l’irrésolu des enjeux, des cartographies, des projets.
La diffusion en temps réel des trouvailles, expressions par le fanzine Coyote, les visites qui rappellent aux congressistes l’attente et la vigilance d’un public, les conférences des géologues sur les marqueurs de l’Anthropocène ou d’anthropologues sur la reconnaissance d’entités ou sur la responsabilité désignée de grandes compagnies (oui, c’est l’humain qui est responsable mais on peut donner le n° de téléphone des présidents de quelques Compagnies), tout cela, dans ce théâtre produit de singuliers accents de vérité démocratiques.
On peut supposer que Ségolène Royal s’est tenue très avertie de ces travaux pour annoncer le lendemain matin de cette clôture que "tout était à revoir dans le dispositif de la COP 21".
Lien du site : www.cop21makeitwork.com
Infos sur la COP21 : ici
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