19 mars 2015

Trophées 2015 – ETP au Féminin. Les femmes dessinent le management contemporain

Une comédienne nous joue la visite impromptue de la Reine d’Angleterre, avant de commenter les stéréotypes des « emplois » et rôles féminins des personnages de théâtre.
Une responsable sécurité du Louvre profite du moment pour dire à son père que, oui, ingénieur c’est un métier de fille.
Une responsable de chantier de réhabilitation en milieu occupé, dans une « cité sensible » de Seine-Saint-Denis s’étonne que cette réussite humaine, méthodologique et financière lui ait fait décerner un prix de « Grand projet ».
Le point commun entre ces interventions ? Elles émanent de femmes ingénieur diplômées de l’ESTP, la plupart distinguées par leur entourage, par leur entreprise et par le jury ETP au Féminin qui vient de décerner ses Trophées 2015 jeudi 12 mars au siège de la Fédération Française du Bâtiment. L’organisation en a été assurée avec tact, poigne, clarté et efficience par Nathalie Mousselon, Présidente du réseau ETP au Féminin.
Membre de ce jury, j’ai une fois de plus été très touché par les candidatures et notamment les 19 nominées, que leur talent et leur engagement ont rendu très difficiles à départager.
Ce concours est un excellent observatoire des tendances managériales et les DRH ne s’y sont pas trompés qui cochaient les caractéristiques des nominées dans le livret réalisé par la Junior Entreprise ETP.
Virginie  Prigent, lauréate 2015, reçoit son trophée des mains de Michel Gostoli, Président  d'Eiffage Construction
Rapidement quelques commentaires issus de cette sélection et de mes enseignements de communication managériale dans la filière.
Au-delà de la progression statistique, la féminisation du management préfigure et dessine le meilleur devenir du management contemporain : ne vous y trompez pas, c’est là que ça se passe. 30 % de filles dans l’école mais 50 % de filles dans les filières à double diplôme et dans les meilleurs résultats de promo. Dans un atelier de communication managériale, la mixité ouvre immédiatement au collaboratif et à l’élargissement des argumentations et négociations.

Quatre dimensions de la féminisation managériale au moins  :
La dimension collaborative y est systématique. C’est fini la toute-puissance de l’ingénieur- sachant : ces femmes manager posent des questions, à leurs clients, à leurs équipiers, à leurs partenaires, à elles-mêmes. Ce questionnement est le levier royal de l’intelligence collective.

La prise en compte de l’intérêt général

Ces managers ne roulent pas pour elles mais pour des projets, pour du sens, avec des équipes. Leurs attentions pour les équipes sont étonnantes dans le management classique : gestion du temps, prévention des risques, attention au confort des salariés (alimentation, temps de partage, albums photos, vies de famille, liens avec les écoles, etc.). Un curieux trait qui pourrait sembler un détail a souvent été mentionné par les parrains ou les proches : la notion de courage. C’est que ces managers (femmes), parce qu'elles ne pensent plus « problèmes/solutions » mais « complexité/collectif » affrontent des situations très difficiles, voire « indémerdables », dans lesquelles le passage en force serait contreproductif. Tout paraît bloqué car il faut parler, sans solution préalable. Elles y vont et ça marche : blocage de site minier, multi-culturel miné, réhabilitation en milieu occupé « sensible », etc. Elles déminent car elles ne prétendent pas pouvoir le faire seules.

L’inscription dans le temps

La notion de durabilité s’oppose à celle du coup, du « one-shot », du court-terme. Ces managers intègrent souvent les notions de responsabilité, de solidarité tout en maintenant leurs exigences de profitabilité. Il s’y manifeste concrètement une éthique de responsabilité pragmatique.

Le spectre complet de la décision

Tous les dossiers de candidatures sont passionnants à lire car tous sont des récits de convictions, de questionnements, d’accomplissement. Aucune variable ponctuelle ne l’emporte car ce qu'elles veulent c’est tout : s’épanouir personnellement, construire des projets profitables, signer des ouvrages responsables et honorables, renforcer des équipes, jouer un rôle sociétal, transmettre leur passion, etc.

Ces femmes managers bâtissent un nouveau monde. Chacune, très spontanément, sans lire de notes, a trouvé les mots pour poser les enjeux.
Cette mise en jeu de toutes les motivations d’un individu, inscrit dans un collectif, est une ressource décisive. Comme le disait une des lauréates : « les projets ne sont pas toujours ceux dont on rêvait mais on y met tout notre cœur. »
Donner les conditions qui permettent à ces talents de s’animer, c’est une mine d’or pour l’entreprise.
Voir le palmarès du Trophée ETP au Féminin 2015
Vous pouvez découvrir les parcours des candidates et des lauréates dans le dossier spécial « 2éme Trophée ETP au Féminin » de la revue L’Ingénieur-Constructeur de mars-avril.

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