Une comédienne nous joue la visite
impromptue de la Reine d’Angleterre, avant de commenter les
stéréotypes des « emplois » et rôles féminins des
personnages de théâtre.
Une responsable sécurité du Louvre
profite du moment pour dire à son père que, oui, ingénieur c’est
un métier de fille.
Une responsable de chantier de
réhabilitation en milieu occupé, dans une « cité sensible »
de Seine-Saint-Denis s’étonne que cette réussite humaine,
méthodologique et financière lui ait fait décerner un prix de
« Grand projet ».
Le point commun entre ces
interventions ? Elles émanent de femmes ingénieur diplômées de l’ESTP, la plupart distinguées par leur entourage, par leur
entreprise et par le jury ETP au Féminin qui vient de décerner ses Trophées 2015 jeudi 12 mars au siège de la Fédération Française du
Bâtiment. L’organisation en a été assurée avec tact, poigne,
clarté et efficience par Nathalie Mousselon, Présidente du réseau ETP au Féminin.
Membre de ce jury, j’ai une fois de
plus été très touché par les candidatures et notamment les 19
nominées, que leur talent et leur engagement ont rendu très
difficiles à départager.
Ce concours est un excellent
observatoire des tendances managériales et les DRH ne s’y sont pas
trompés qui cochaient les caractéristiques des nominées dans le
livret réalisé par la Junior Entreprise ETP.
Virginie Prigent, lauréate 2015, reçoit son trophée des mains de Michel Gostoli, Président d'Eiffage Construction |
Rapidement quelques commentaires issus
de cette sélection et de mes enseignements de communication
managériale dans la filière.
Au-delà de la progression statistique,
la féminisation du management préfigure et dessine le meilleur
devenir du management contemporain : ne vous y trompez pas,
c’est là que ça se passe. 30 % de filles dans l’école mais 50
% de filles dans les filières à double diplôme et dans les
meilleurs résultats de promo. Dans un atelier de communication
managériale, la mixité ouvre immédiatement au collaboratif et à
l’élargissement des argumentations et négociations.
Quatre dimensions de la féminisation
managériale au moins :
La dimension collaborative y est
systématique. C’est fini la toute-puissance de l’ingénieur-
sachant : ces femmes manager posent des questions, à leurs
clients, à leurs équipiers, à leurs partenaires, à elles-mêmes.
Ce questionnement est le levier royal de l’intelligence collective.
La prise en compte de l’intérêt général
Ces managers ne roulent pas pour elles mais pour des
projets, pour du sens, avec des équipes. Leurs attentions pour les
équipes sont étonnantes dans le management classique : gestion
du temps, prévention des risques, attention au confort des salariés
(alimentation, temps de partage, albums photos, vies de famille,
liens avec les écoles, etc.). Un curieux trait qui pourrait
sembler un détail a souvent été mentionné par les parrains ou les
proches : la notion de courage. C’est que ces managers
(femmes), parce qu'elles ne pensent plus « problèmes/solutions »
mais « complexité/collectif » affrontent des situations
très difficiles, voire « indémerdables », dans
lesquelles le passage en force serait contreproductif. Tout paraît
bloqué car il faut parler, sans solution préalable. Elles y vont et
ça marche : blocage de site minier, multi-culturel miné,
réhabilitation en milieu occupé « sensible », etc. Elles déminent car elles ne prétendent pas pouvoir le faire seules.
L’inscription dans le temps
La
notion de durabilité s’oppose à celle du coup, du « one-shot »,
du court-terme. Ces managers intègrent souvent les notions de
responsabilité, de solidarité tout en maintenant leurs exigences de
profitabilité. Il s’y manifeste concrètement une éthique de
responsabilité pragmatique.
Le spectre complet de la décision
Tous les dossiers de candidatures sont passionnants à lire car tous
sont des récits de convictions, de questionnements,
d’accomplissement. Aucune variable ponctuelle ne l’emporte car ce
qu'elles veulent c’est tout : s’épanouir personnellement,
construire des projets profitables, signer des ouvrages responsables
et honorables, renforcer des équipes, jouer un rôle sociétal,
transmettre leur passion, etc.
Ces femmes managers bâtissent un
nouveau monde. Chacune, très spontanément, sans lire de notes, a
trouvé les mots pour poser les enjeux.
Cette mise en jeu de toutes les
motivations d’un individu, inscrit dans un collectif, est une
ressource décisive. Comme le disait une des lauréates : « les projets ne sont pas toujours ceux dont on rêvait mais on y met tout notre cœur. »
Donner les conditions qui permettent à ces
talents de s’animer, c’est une mine d’or pour l’entreprise.
Voir le palmarès du Trophée ETP au Féminin 2015
Vous pouvez découvrir les parcours des candidates et des lauréates dans le dossier spécial « 2éme Trophée ETP au Féminin » de la revue L’Ingénieur-Constructeur de mars-avril.
Voir le palmarès du Trophée ETP au Féminin 2015
Vous pouvez découvrir les parcours des candidates et des lauréates dans le dossier spécial « 2éme Trophée ETP au Féminin » de la revue L’Ingénieur-Constructeur de mars-avril.
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