23 juillet 2024

Savoir renoncer change le jeu

Trop âgé pour tenir cinq ans mais assez pour devenir un vieux sage expérimenté

Une longue guerre d'usure incertaine

Certains renoncements peuvent ouvrir des mondes. "Quand une porte se ferme, un portail s'ouvre" dit-on en Italie.
Le Président Joe Biden  traverse depuis plusieurs mois une phase d’incertitudes très éprouvantes : envie de rester, envie de faire obstacle à Trump , servir son pays, se laisser convaincre par son cercle d’influence qui aimerait bien continuer à l’influencer. Ses inquiétudes étaient quotidiennes, sur les attaques , la bagarre, sur ce qui pouvait survenir , devoir traverser cinq fuseaux horaires, faire face à une guerre. Mais aussi s’inquiéter de l’irrémédiable dommage des années qui viennent. En forme (a peu près ) aujourd’hui mais dans quel état public dans deux ou trois ans ?
De quoi couper le sommeil au bon vieux Joe.

 

 Une nouvelle posture pacifiante

Heureusement, de cessation de dons en conférences calamiteuses difficiles à surmonter, de confusions de noms en malaises récurrents, Joe Biden, en réponse immédiate à la grâce divine qui a frôlé et rajeuni son concurrent Trump , a renoncé à sa candidature.
Du coup, l'opportunité s'offre à lui de pouvoir terminer en réelle beauté, en sage grand père , à présenter son bilan réel, à raconter l’Amérique telle qu’elle peut être belle, confiante et ouverte, à tenter d'apaiser  l'âme brisée des États Désunis et propulser Kamala Harris en prestigieuse héritière.

Privilège de l'âge, dépasser le temps présent


Ce renoncement lui ouvre ainsi une nouvelle phase historique, celle qui pourrait participer du mythe et échapper à l’obsolescence qui s’annonçait.

Renoncer c’est parfois gagner sur l’essentiel.


19 juillet 2024

IA, nous y sommes, la fabrique du monde (2)


  IA, Nous y sommes   : l’avenir s’invite dans l’aujourd’hui. (suite 2)

La fabrique du monde, le risque de devenir des usagers provincialisés



 

Certains tergiversent sur l'éthique ou sur les risques de l'IA sans se rendre compte que d'ores et déjà, le monde connu  est littéralement balayé par cette nouvelle intelligence autonome.
La médecine, l'enseignement, les mobilités , le marketing, la gestion urbaine ou la gestion des masses, la créativité intellectuelle et esthétique, la guerre, etc.. figurent  déjà parmi les domaines  travaillés, labourés par l'IA.

Bella IA découvre Lisbonne (Pauvres créatures de Yorgos Lanthimos)

 

 

 


Toujours ce train de retard des professionnels de la profession

Nous avons connu l'arrivée d'Internet avec des techniciens savants nous disant qu'on avait déjà le Minitel.

Dans les années 2010 lorsque le BIM ("Building Information Modelisation", ou plutôt "Management") est arrivé, j'avais échangé avec mes collègues géomètres de l'ESTP où j'enseignais la communication manageriale. La Fondation Louis Vuitton était alors  le premier chantier sur lequel Vinci essayait la technologie BIM. 

Lorsque j'annonçai à mes collègues que le monde du BTP allait en être révolutionné ils me répondirent avec l'assurance de spécialistes reconnus du métier que cela avait toujours existé et que ça s"appelait "l'armoire des plans" sur le chantier ou dans l'agence. Ce jour-là je pris le pari avec eux qu'avant la fin de l'année c'est dans leur agence-même ou cabinet que la pratique serait affectée par ces innovations.

La convergence de toutes les expertises du chantier, la prise en compte de la dimension "temps" et de la dimension "argent" (la cinquième dimension) dans le même espace de jumeau numérique leur échappait complètement. La mutualisation des données n'était pourtant pas simple et c'est pour cela que j'aime à traduire le M de BIM par Management plutôt que Modélisation. Céder ses expertises, ses savoir-faire ou la transparence des budgets ne va pas de soi dans un chantier aux multiples intervenants soucieux de s'arracher la valeur ajoutée en conservant leur expertise singulière.

Aujourd'hui L'IA

Qui décide du final cut ?

Le stade supérieur IA du BIM c'est que le système peut vous annoncer qu'il préconise la commande du béton aujourd'hui en fonction du cours des matières premières, de la disponibilité des camions-toupie et de la météo. L'optimalisation en termes de gestion est décisive et l'ingénieur doit être ici compatible avec la logique IA.

Nous en sommes loin car la réflexion porte surtout sur les risques, sur les pertes d'emploi ou les reconfigurations du marché générées. 

Ce qui était jusque la cantonné à des jeux de philosophie morale : 

"- Votre camion est lancé dans une pente, peut-il écraser un gros diabétique plutôt que trois enfants prometteurs ? "

"- La chaloupe de votre bateau naufragé est pleine de rescapés, doit-on jeter à l'eau un chien pour qu'ils survivent ? Oui vous rejetez le chien à l'eau  , mais ce chien a sauvé des dizaines de personnes dans des avalanches tandis que le rescapé numéro 10 est un tortionnaire sadique réputé criminel de dizaines de victimes ?"

est devenu une réalité courante pour le pilotage de véhicules autonomes : un piéton surgit sur la voie, doit-on l'éviter au risque d'un accident alors qu'il est en faute ou doit-on privilégier nos passagers ou même le conducteur propriétaire du véhicule ?  

Même actualité avec les robots tueurs autonomes : avec quel coefficient de dommage collatéral (victimes innocentes) peuvent-ils intervenir en temps réel (avec ou sans validation humaine) sur un ennemi qui apparait dans leur champ d'intervention ? 

L'intérêt du monde contemporain est que ces questions virtuelles, fantasmatiques, sont devenues tangibles, à notre main, d'un clic de souris ou d'un investissement industriel ou financier.

Une performance proliférante

L'IA générative bat n'importe quel champion de l'intellect (échecs, go, poker, etc) et on se réjouit encore que ChatGPT ait été battu par un humain (Jean-Paul Enthoven) lors du dernier bac de philo mais dès l'an prochain elle l'emportera probablement sur n'importe quel candidat.

Nous nous interrogeons sur son usage ou non mais les programmes d'IA sont déjà à la tache dans les administrations pour identifier les fraudeurs du fisc, les fraudes aux allocations familiales et dans les demandes kafkaiennes qu'elles préconisent dans les dossiers de contestation. 

Sans parler des images qui déferlent à bas bruit dans la pub et surtout celles qui se préparent pour les prochaines élections françaises et américaines.  

Sauf dans nos université d'aujourd'hui

Certaines universités du Texas (UTA d'Arlington) ou de Suisse se dotent de ressources IA alors qu'une école telle que Architecture Val de Seine Paris continue à s'en méfier (pas d'enseignement dédié en 2024).
Lors de ma récente participation à un jury de fin d'études à l'instigation de ma talentueuse collègue Sylvia Lacaisse, une étudiante (Elisabeth Coppens)  a ainsi fait part de son expérience texane.

Images produites chez ZHA (agence Zaha Hadid), Londres- une part croissante des propositions y est issue du dialogue IA - Midjourney

 

L'IA a aujourd'hui trois fonctions-ressources dans certaines agences d'archi américaines :

  • dans la phase de conception, elle défriche et propose des vues précises à partir de concepts dialogués avec l'architecte. Dans ces esquisses, il y a un retour de formes ornementales que l'architecture française notamment avait peu à peu négligé jusqu'à  aboutir à  des parallépipèdes avec n'importe quel matériau, béton, bois ou pise.

  • Dans la phase de présentation client l'IA offre des vues en situation d'implantation, en mouvement chronologique, à 360.

  • En phase construction, notamment combiné avec l'impression 3D, on dispose de capacités de process très opératoires (matériaux locaux, sourcés, modularisation, etc) ou innovantes tels que le tissage de cables aériens de soutien  par des drones.

    Nous voici donc dans un monde qui agence ces Intelligences Artificielles au service d'une domination par quelques castes humaines. Il serait temps d'intégrer ouvertement (en transparence publique et avec sanction très forte en cas de dissimulation ou manipulation) ces nouvelles présences.

 


18 juillet 2024

IA, nous y sommes, l'avenir s'invite dans l'aujourd'hui (1)

 IA, Nous y sommes   : l’avenir s’invite dans l’aujourd’hui. 

Laurent Briard, cavalier de chimères


 

La fabrique des images, un dialogue IA/Laurent Briard

Certains tergiversent sur l'éthique ou sur les risques de l'IA sans se rendre compte que d'ores et déjà, le monde connu  est littéralement balayé par cette nouvelle intelligence autonome.
La médecine, l'enseignement, les mobilités , le marketing, la gestion urbaine ou la gestion des masses, la créativité intellectuelle et esthétique, la guerre, etc.. sont déjà travaillées, labourés par l'IA.
La question reste «  que produit de spécifique réel ce dialogue entre l'humain et le neuronal non-humain ? »

L'exemple par l'art de Briard.

Les images courantes proposées par l'IA sont plates : « réalistes, magnifiquement éclairées, peaux douces et censées faire rêver », des images marketing qui cauchemardent le désir vulgaire. 

Miaou fait Monop et la fabrique IA est écrite en petit dans la marge

Pourtant elles augurent également de mondes virtuels de réelle fiction. A condition d'être issus de dialogues avec des artistes ou des créateurs.
Lorsque Laurent Briard les accouche , elles existent sans se prétendre réelles , une lumière à la Alexandre Trauner nimbe leur noir et blanc et dramatise les visages.

Rien de ce qu’on y voit ne se prétend réel. L’artifice s’y exhibe et c’est ainsi que l’étrangeté nous emporte.
Le chemin par lequel ces images nous viennent est un chemin d’écriture. D’écriture dialoguée. Ici qui ne sait dialoguer n’obtient que du plat sommaire.
Des “prompts” rédigés tels des scripts Baudelairiens déroutent la machinerie et lui font proposer des interprétations, des malentendus d'aventure qui surprennent et emmènent plus loin, vers le mystère.
Au fil des échanges le créateur déploie, accouche d'un monde et l’emmène plus loin. Il n'y a pas d’erreur, seulement des propositions.


Authentiques Chimères 

Une machine l’a produit en s’accordant avec un humain. La production apparaît donc dans un espace ni tout à fait artificiel ni tout à fait réel. Un nouvel espace intermédiaire , reconnaissable à sa perfection , à son « déjà vu » et à sa mélancolie citative. 

Portrait chimérique aux poissons -Laurent Briard et son IA.



La rencontre du singe de Meliès sur la Tour Eiffel préfigurait déjà King Kong sur l’Empire State Building et ces rencontres Lautréamonesques se démultiplient aujourd'hui par l’IA. Mais ces nouveaux collages restent pauvres si l’on n’entre pas en dialogue profond, respectueux, intense (un Duolingo chapitre 10.0 ?) avec l’intelligence générative.  

Laurent Briard parvient à ces images en écrivant vers la machine les descriptions des images qu’il pressent. Écrire à la manière d’un critique qui évoquerait une image. Traitant cette description, l’IA interprète et visualise à partir de l’infini de ses données acquises et qu’elle recombine algorithmiquement. Sans dialogue l'IA n'ajouterait donc qu'une conformité statistique. Mais si elle converse avec un humain assez obsessionnel pour la suivre dans ses malentendus et assez affuté pour la relancer à partir de ses parti-pris esthétiques, alors apparaît un monde aussi inexistant qu'un rêve mais avec sa signature tangible d’auteur créateur. 

Laurent Briard, A la foire du monde


Recombinaison et pluralité des sources : on la lance sur la piste de Dürer commenté par Huysmans. Ou à  partir d’un portrait de Virginia Wolf puisqu'on ne peut pour l'instant introduire le portrait de sa copine car elle est inconnue du grand public.
Alors  l’accident , le malentendu produisent des réinterprétations nouvelles.


Un basique script de cinéma

Morceaux de peu, rencontres hasardeuses :  la base de données originelle  recycle le célèbre , le populaire et le reconnu. Que de l’authentique en input mais pourtant à la sortie un fake très suspect et troublant.
L’ambiance est d’une certaine mélancolie car tout y a déjà été dit , en citations redondantes et dans une sorte de silence des espaces infinis. Il y a ce silence mélancolique des séries de Cindy Sherman , redoublé lorsqu'on traite en noir et blanc luisant. Probablement ce monde dix- neuvièmiste futuriste qui apparait dans le film "Poor things, pauvres créatures".

« Le Système est prude ». Pour l’instant il est difficile de faire apparaître du nu par des scripts explicites. La ruse consiste à passer par une Naissance de Vénus de Boticelli pour accidentellement créer du nu. Gageons cependant que l’industrie pornographique qui a toujours récupéré les innovations (streaming, profilage des clients, micropaiement, etc) va trouver bien vite comment répondre I-artificiellement aux fantasmes du jour et de la nuit.


Nouveaux oracles

Jouer contre Alpha Go c’était déjà accéder au dialogue avec la divinité du Go commentait Lee Sedol le champion du monde coréen (9eme Dan) de l’époque.  Les coups étaient  imprévisibles, résolus sur 40 mouvements décousus mais fatals.
L’IA propose la même illusion réelle : une inépuisable et vaine fabrique autistique de l’image que seuls quelques  esthètes littéraires, eux-mêmes obsessionnels de leur univers,   sauront apprivoiser créativement. Laurent Briard est l’un de ces cavaliers de chimères.



17 juillet 2024

Faire mentir un  paysage idyllique,
la mystification nazie
Une visite au Berghof de Hitler

Oh que c’est beau !
La vue est superbe. Une grande terrasse qui donne sur un panorama alpestre. De vastes prairies ponctuées de fermes et au loin une chaîne de montagnes. Et pourtant c’est ici que les sombres méditations de Hitler ont vu le jour : écriture de Mein Kampf (Mon Combat) , communauté des proches (maisons de Goebbels, Goering, Bormann, Speer, appartements de Heinrich Hoffmann le photographe officiel, etc), quartier général des opérations militaires et “opérations spéciales”.
Ici c’est le Berghof , le domaine au-dessus de Berchtesgaden, domaine du mensonge public et de la réalité cruelle.

Le mensonge chaque jour

Sur les tableaux de l’époque, la montagne d’horizon est faussement dessinée, très haute, quasi-himalayenne, à la mesure du démiurge.

Panorama hitlérien magnifié en 1939
panorama d'aujourd'hui, réel

Infatigablement  dédié  au peuple allemand, l’agenda d’époque mentionne que le réveil d’Hitler débute par un réveil à midi avec petit déjeuner. Un peu plus tard, il déjeune assez végétarien. Hitler aime les enfants et les animaux.

Les enfants aiment Adolf  (montage H. Hoffman)
 
     Eva
Braun, assistante d’Hoffmann le photographe attitré qui bâtit la légende épique (4 ans de prison après-guerre), est devenue sa secrétaire et vit à ses côtés, tout sourire lorsqu'ils reçoivent militaires et industriels mais aussi humbles locaux. Eva filme en couleurs, de jolies petites scènes familiales ensoleillées. 


 Entre amis sur la grande terrasse, film couleur Eva Braun

Tout entier offert au peuple, sa relation réelle avec la tendre Eva est tenue cachée. Les enfants dont il aime sur photo être entouré doivent l’appeler “Oncle Adolf”.
Pourtant tout près de la terrasse, on voit des fermes expropriées pour être cédées aux proches de Hitler, le médecin de pays, ancien vétéran de la grande guerre, Gustav Ortenau, est empêché d’exercer et ses enfants doivent interrompre leurs études de médecine. Tous bien trop juifs pour la communauté nationale. En 1930, son cher Club Alpin autrichien avait déjà promulgué de nouvelles lois aryennes, avec exception pour le vétéran qu'il était mais en 1933 il en est finalement exclu.  Même progressive ignominie pour le loueur de barques du charmant lac de Königsee tout proche. On s’y baigne, on y loue des bateaux, on rit pendant les journées d’été mais dès 38, on obligera le loueur Modereger à divorcer de Felicia, sa femme juive (il refusera jusqu’au bout mais elle sera finalement déportée à Auschwitz après s’être “réfugiée” en Hollande et apprendra la mort de son mari à son retour de déportation).


L’horreur de l’espace vital allemand

Certains des beaux montagnards  du coin qui seront enrôlés dans les chasseurs alpins finiront au siège de  Leningrad  (75000 morts civils) ou plus tard dans la bataille de Stalingrad (800000 soldats allemands pris au piège ). Si l'on veut s'enrôler dans les troupes de montagnes, l'aspirant doit obtenir un certificat auprès du Club alpin. D’autres natifs du panorama participeront aux massacres de Skypes pendant la campagne de Crète ou encore aux retraites sanglantes (pour les civils) de la bataille de France.
Espace vital du peuple allemand débarrassé de ses populations indignes (juifs, Roms,  Témoins de Jéhovah) étendu vers l’Ouest et surtout vers l’Est pour un royaume de 1000 ans. Huit  ans plus tard, les allemands des Sudètes constituent la plus grande vague de migration du XXeme siècle, l’industrie est détruite (certains américains et français hésitent à faire de l'Allemagne une nation définitivement agricole), le tiers des Berlinoises sont violées par les Russes “libérateurs” et les grands acteurs survivants du régime sont jugés et exécutés à Nuremberg tandis que Goebbels, Hitler se suicident en famille dans leurs bunkers assiégés.
Vers la fin de la guerre, à partir du Débarquement de Normandie , le centre de commandement américain se plait à dire : “Notre arme secrète, cet imbécile de Hitler”.
 Après la défaite, plus personne n’est nazi même si les greniers conservent les innombrables bustes, médailles, boites d’allumettes, certificats et brassards à la gloire du régime. Albert Speer sortira après 20 ans de prison, bien nourri à Spandau, établissement géré par les alliés (rien à voir avec les premiers  camps de travail des opposants comme Dachau). Le jour même de sa sortie, en élégant costume et sourire fin, lors de sa conférence de presse dans un grand hotel,  il forge son nouveau personnage de gentleman nazi, ignorant tout des projets de Hitler, des massacres, de l’esclavage industriel et des exterminations de juifs : “J’ai péché par indifférence et Hitler était un démon qui a abusé le peuple allemand”. Deux best-sellers de ses mémoires édulcorées l'enrichiront.

Croire aux mythes est nécessaire et parfois dangereux

Hitler n’a abusé personne : tout était écrit dans son livre, il a été élu puis a redressé l’Allemagne, forgé au marteau une communauté allemande faite d’exclusions, de dénonciations et d’accaparement et a défilé sous acclamations et peuple en fusion (viriloïdes aryens et honnêtes femmes au foyer).
En 1952, le domaine du Berghof est rasé afin que ne s’y développe trop manifestement un culte nostalgique de la grandeur et de l’épopée nazie. Les galeries souterraines creusées par les esclaves s’y visitent  encore , avec leur exemplaire organisation de refuge. A la Libération les américains et les Français y ont découvert des montagnes de produits de luxe, des vins prestigieux volés en France, les oeuvres d’art pillées dans toute l’Europe. Le vol était la condition de l’acquisition, il serait intéressant de faire le décompte de ce que régime nazi avait  réellement acheté avec de l'argent produit et non volé.
Sur le terrain ensoleillé,  un remarquable centre de documentation s’y dresse à présent , parcouru dans un recueillement assez horrifié par des foules silencieuses qui se retrouvent ensuite devant le magnifique panorama.  
En ces temps de mensonge politique généralisé par des crypto-dictateurs de tous ordres (de Poutine à Trump, en passant par des Nord-Coréens, des mollahs, etc) il est passionnant et éducatif de parcourir en quelques heures la construction, la barbarie et l’anéantissement d’un mythe démiurgique au coeur de ce qui était une des plus hautes cultures d’Europe (l'Allemagne vue par Walter Benjamin dont la citation "Au coeur de la plus haute culture se tient aussi la plus grande barbarie" est écrite sur sa tombe).

A voir : Hitler and Obersalzberg, Idylle et atrocité, l'exposition permanente du Centre de Documentation , Berchtesgaden, Bavière.