18 juillet 2024

IA, nous y sommes, l'avenir s'invite dans l'aujourd'hui (1)

 IA, Nous y sommes   : l’avenir s’invite dans l’aujourd’hui. 

Laurent Briard, cavalier de chimères


 

La fabrique des images, un dialogue IA/Laurent Briard

Certains tergiversent sur l'éthique ou sur les risques de l'IA sans se rendre compte que d'ores et déjà, le monde connu  est littéralement balayé par cette nouvelle intelligence autonome.
La médecine, l'enseignement, les mobilités , le marketing, la gestion urbaine ou la gestion des masses, la créativité intellectuelle et esthétique, la guerre, etc.. sont déjà travaillées, labourés par l'IA.
La question reste «  que produit de spécifique réel ce dialogue entre l'humain et le neuronal non-humain ? »

L'exemple par l'art de Briard.

Les images courantes proposées par l'IA sont plates : « réalistes, magnifiquement éclairées, peaux douces et censées faire rêver », des images marketing qui cauchemardent le désir vulgaire. 

Miaou fait Monop et la fabrique IA est écrite en petit dans la marge

Pourtant elles augurent également de mondes virtuels de réelle fiction. A condition d'être issus de dialogues avec des artistes ou des créateurs.
Lorsque Laurent Briard les accouche , elles existent sans se prétendre réelles , une lumière à la Alexandre Trauner nimbe leur noir et blanc et dramatise les visages.

Rien de ce qu’on y voit ne se prétend réel. L’artifice s’y exhibe et c’est ainsi que l’étrangeté nous emporte.
Le chemin par lequel ces images nous viennent est un chemin d’écriture. D’écriture dialoguée. Ici qui ne sait dialoguer n’obtient que du plat sommaire.
Des “prompts” rédigés tels des scripts Baudelairiens déroutent la machinerie et lui font proposer des interprétations, des malentendus d'aventure qui surprennent et emmènent plus loin, vers le mystère.
Au fil des échanges le créateur déploie, accouche d'un monde et l’emmène plus loin. Il n'y a pas d’erreur, seulement des propositions.


Authentiques Chimères 

Une machine l’a produit en s’accordant avec un humain. La production apparaît donc dans un espace ni tout à fait artificiel ni tout à fait réel. Un nouvel espace intermédiaire , reconnaissable à sa perfection , à son « déjà vu » et à sa mélancolie citative. 

Portrait chimérique aux poissons -Laurent Briard et son IA.



La rencontre du singe de Meliès sur la Tour Eiffel préfigurait déjà King Kong sur l’Empire State Building et ces rencontres Lautréamonesques se démultiplient aujourd'hui par l’IA. Mais ces nouveaux collages restent pauvres si l’on n’entre pas en dialogue profond, respectueux, intense (un Duolingo chapitre 10.0 ?) avec l’intelligence générative.  

Laurent Briard parvient à ces images en écrivant vers la machine les descriptions des images qu’il pressent. Écrire à la manière d’un critique qui évoquerait une image. Traitant cette description, l’IA interprète et visualise à partir de l’infini de ses données acquises et qu’elle recombine algorithmiquement. Sans dialogue l'IA n'ajouterait donc qu'une conformité statistique. Mais si elle converse avec un humain assez obsessionnel pour la suivre dans ses malentendus et assez affuté pour la relancer à partir de ses parti-pris esthétiques, alors apparaît un monde aussi inexistant qu'un rêve mais avec sa signature tangible d’auteur créateur. 

Laurent Briard, A la foire du monde


Recombinaison et pluralité des sources : on la lance sur la piste de Dürer commenté par Huysmans. Ou à  partir d’un portrait de Virginia Wolf puisqu'on ne peut pour l'instant introduire le portrait de sa copine car elle est inconnue du grand public.
Alors  l’accident , le malentendu produisent des réinterprétations nouvelles.


Un basique script de cinéma

Morceaux de peu, rencontres hasardeuses :  la base de données originelle  recycle le célèbre , le populaire et le reconnu. Que de l’authentique en input mais pourtant à la sortie un fake très suspect et troublant.
L’ambiance est d’une certaine mélancolie car tout y a déjà été dit , en citations redondantes et dans une sorte de silence des espaces infinis. Il y a ce silence mélancolique des séries de Cindy Sherman , redoublé lorsqu'on traite en noir et blanc luisant. Probablement ce monde dix- neuvièmiste futuriste qui apparait dans le film "Poor things, pauvres créatures".

« Le Système est prude ». Pour l’instant il est difficile de faire apparaître du nu par des scripts explicites. La ruse consiste à passer par une Naissance de Vénus de Boticelli pour accidentellement créer du nu. Gageons cependant que l’industrie pornographique qui a toujours récupéré les innovations (streaming, profilage des clients, micropaiement, etc) va trouver bien vite comment répondre I-artificiellement aux fantasmes du jour et de la nuit.


Nouveaux oracles

Jouer contre Alpha Go c’était déjà accéder au dialogue avec la divinité du Go commentait Lee Sedol le champion du monde coréen (9eme Dan) de l’époque.  Les coups étaient  imprévisibles, résolus sur 40 mouvements décousus mais fatals.
L’IA propose la même illusion réelle : une inépuisable et vaine fabrique autistique de l’image que seuls quelques  esthètes littéraires, eux-mêmes obsessionnels de leur univers,   sauront apprivoiser créativement. Laurent Briard est l’un de ces cavaliers de chimères.



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