5 décembre 2025

Théâtre de l’Odeon : du bidon au très bon

Ce que peut le théâtre : deux extrêmes au Théâtre de l’Odéon, redîmé par Pasolini.

La luz de un lago  , posture d'imposture

Face public une sorte de performance prétentieuse..

Bidon arrogant innocent dictatorial mal digéré révolutionnaire de joujou..

Confondant l’amour et le sexe, le vacarme et l’émotion. Assis tranquilles sur leur technophobie technophile. Comme une longue masturbation devant une télé mal réglée. Une tarte à la crème d’étudiants de deuxième année (tartes de merde argileuse jetée sur l'écran à la fin comme s'ils conchiaient le théâtre bourgeois, en faisant bien attention cependant à tout laisser propre) . Inanité en trois langues surtitrées.
Lunettes noires dans le noir, même Julio Iglesias ne le fait plus.
Trop cher (puisqu'on se trouve cantonné sur la scène jusqu'au lever de rideau final qui découvre la belle salle toute vide mais ont il faut payer la jauge je suppose) . Plutôt que de le revoir encore comme je le prévoyais j’ai revendu ma place à bas prix en prévenant les acheteurs de cette spectaculaire inanité prétentieuse. Comme c’étaient des jeunes je leur ai fait l’hypothèse d’une incompréhension générationnelle et leur ai souhaité un beau spectacle. 
Un théâtre de posture. Une imposture donc.

 

Pétrole, Pasolini, Creuzevault, géniale création collective avec la troupe 


Une semaine plus tard c’est la première de Pétrole , la pièce montée par l’équipe de Creuzevault à partir du torrent Pasolinien  de Pétrole. Un texte inachevé, dans son aboutissement et sa structure mais d’une cohérence messianique sur la jouissance de la domination capitaliste, la corruption des âmes au travers du corps crucifié du poète. Immontable , presque illisible dans sa suite de notes et de bref essais ou saynètes. Et pourtant guidés par Creuzevault ils en tirent un maelström parfaitement contemporain même si les références sont du XXeme siècle. Ça se termine. C’est plutôt génial. Des moments formidables. Un propos vertigineux. Pasolini incante, à la croisée du sexe et du politique tragique bouffon. Une séquence d’anthologie lorsqu’une vidéo nous offre le monologue d’une force obscure (un Dieu omniscient) sur la sainteté, prenant le masque du Diable dans l’Algeco pétrolier jeté sur scène, avec son voyou ironique (un ange ?) en arrière plan. Aussi une séquence de pure transe où l’intello ou le cadre lucide s’offre et se pâme d’être enfin possédé par le prolétariat des terrains vagues, par le vrai peuple viriloïde qui peut négligemment et bien sûr contre argent, enfiler le cadre corrompu, le poète perdu.

 Le théâtre est parfois le lieu de la vérité. 

 

La luz de un lago, 
Pétrole, création collective mise en scène par Sylvain Creuzevault ,
jusqu'au 21 décembre, au Théâtre de l'Odéon, quelques rares places encore, 

4 novembre 2025

Le film Bugonia, une actualité de la rhétorique

 
 

Qui suis-je ? Où vais-je ?

Toujours ces films uniques de Yorgos Lanthimos. 
Deux branquignols enlèvent et séquestrent la Présidente d'une grande compagnie industrielle, la soupçonnant d'être une extra-terrestre.
Outre le télescopage des discours tels qu'ils apparaissent dans leur extrême délire aux Etats Unis (par quelle prouesse des cinéastes démiurges parviennent-ils encore à arracher des millions de dollars à des studios pour dénoncer, documenter la faillite civilisationnelle en cours là-bas, Bugonia ce jour, One battle after an other l'autre jour ?), deux remarques sur ce beau film de rhétorique (quand tous les combats sont épuisés, il ne reste plus que la parole comme arme ou relation).
Il n'est en effet question dans cet enlèvement ni de sexe, ni d'argent mais de dialectique rhétorique. Comment convaincre l'autre, par quels compromis, acquiescements, reconnaissances avec comme risque de décrochage le déchainement de violence.  

Le gamin sur son petit vélo a grandi

Le promoteur de l'enlèvement, persuadé que le personnage d'Emma Stone est un alien issu d'Andromède roule à fond sur son petit vélo, entre bicoque déglinguée et entrepôt de colisage. Ces courses plus ou moins longues ou déchainées me paraissent issues tout droit du petit vélo du gamin qui dans l' E.T. De Spielberg, échappait aux poursuivants avec son petit VTT. Il a continué à pédaler et le voici arrivé tout droit, vieilli, complotiste, déglingué dans une Amérique bien plus désenchantée.

 Ces patrons déments venus d'ailleurs

L'autre remarque c'est ce personnage de  Présidente de Company. Elle est parfaite d'arrogance, de beauté, de jeunesse inaltérable, de contrôle et Lanthimos prend au mot ces dirigeants dingos des Gafa qui rêvent de nouveaux mondes et de nouvelle humanité. Ce sont bien littéralement des extra-terrestres.

Casanova s'expose à Venise - Fondation Cini

 L'anniversaire d'une évasion

Donc ce 31 octobre dans la nuit, nous étions devant cette porte par laquelle Casanova, le lettré très vénitien s'est enfui de la prison des Plombs, cette prison bien nommée qui surplombe le Palais des Doges. Dans la nuit du 31 octobre au 1er Novembre 1756.

Au petit matin le fugitif Casanova traverse cette place, essayant de ne pas trop courir, jusqu'à la première gondole

Toute une nuit à finir de desceller les pierres de sa cellule, grimper acrobatiquement sur les toits de zinc avec son nécessaire et encombrant compagnon de cellule le prêtre Balbi, descendre avec des draps noués, récupérer une échelle, errer dans les vestibules labyrinthiques du Palais et en sortir au petit matin, opportunément revêtu de l'habit à jabot de dentelle avec lequel il avait été enfermé quinze mois auparavant sans connaître ni le motif ni la date d'un jugement à venir. Invectiver le gardien de la grande porte du palais en prétendant y avoir été enfermé par erreur toute la nuit. Courir jusqu'à la rive la plus proche, sauter dans une gondole et s'y effondrer en larmes devant le gondolier « comme un enfant qu'on dépose à l'école »
S'ensuivent des années (18 ans avant de remettre un pied à Venise)  de vagabondage libertin libéral  sur le Théâtre européen de sa vie, dont il est l'acteur, le metteur en scène, l'auteur et même le public.
Traversant l'époque, ses tumultes aristocratiques, ses philosophies, ses jeux et ses séductions, côtoyant franches canailles, prostituées, honnêtes marchands, seigneurs de guerre, princes de haut lignage, armé de sa seule parole, sa conversation. Un homme d'esprit qui rêve qu'on l'écoute. Sa fuite de la Prison sera l'une de ses seules publications fameuses publiées de son vivant, avec quelques considérations philosophiques et libelles. Ce récit d'évasion lui ouvrira de nombreuses portes et dans toutes les assemblées il se plaira à en raconter l'exploit et ce que cela exprime du pouvoir du fameux Conseil des 10   sur la société vénitienne.
Plus de deux siècles plus tard, cet aventurier du XVIII eme siècle ne dispose toujours pas, à Venise ou ailleurs, d'une rue, d'une place ou même d'une impasse qui porterait son nom alors que c'est par ses écrits, son « Histoire de ma vie »  que le XVIII eme siècle vénitien et européen se donne à voir. 
Ses cérémonies, ses fêtes, ses aventures libertines et politiques, la manière dont on gagne l'argent, comment on le dépense, les chemins de la ruine, de la gloire, des armes et du sexe, tout s'y entrelace dans la belle langue française du XVIIIeme.
Subsistent de cette époque, des architectures, des rues, des canaux, des tableaux que l'on se plait à reconnaître dans cette Histoire de ma vie, rédigée non pas en captivité comme l'autre fameux vénitien Marco Polo mais reclus comme bibliothéquaire du chateau de Dux en Bohème chez un vague cousin Waldheim du prince de Ligne, ami protecteur de Giacomo.    
Sept ans au soir de sa vie à reprendre le fil de sa vie, avec ses désastres, ses hauts faits, ses rencontres et se surprendre « à en jouir une seconde fois en les écrivant ».
 

Deux expositions pour l'évoquer, sur le mode de Stefan Zweig  racontant "le monde d'avant"

Deux expositions discrètes (aucune information ou publicité sur les canaux officiels de la communication vénitienne, juste quelques affiches au coin de certaines  rues) honorent cette mémoire ces jours-ci à Venise.


Les deux sous l'égide de la Fondation Cini. La première, Casanova et l'Europe, est très attentive à illustrer ce mouvement incessant à travers l'Europe, malheureusement en un italien rapide non sous-titré (alors que le récit a été écrit en français !), en animant grace à l'IA les documents d'époque. On y voit grimacer le visage de Voltaire, voguer les navires, s'animer les  places v


     

énitiennes et les avenues de Saint Petersbourg. Surtout c'est mis en scène par le décorateur du Théâtre de la Fenice  qui s'est attaché à scénographier ce labyrinthe des passions et aventures en respectant amicalement le destin du bad boy vénitien.
L'autre est plus convenue, Casanova et Venise, se contente de rassembler quelques œuvres, souvent  vues ailleurs et qui témoignent non pas de Casanova mais du Venise que connaissait Casanova à l'époque. Rajoutons y quelque joli portrait de Watteau peint par Rosalba Carriera, peintre vénitienne voyageuse de même époque et l'expo est vite vue. 
Si Sollers était encore vénitien, il organiserait la grande exposition Casanova qui manque encore à Venise.

 

Casanova e Venezia, Galerie du palazzo Cini, Dordosuro, Venezia
Casanova e l'Europa, opera in piu atti
Fondation Cini
Isola de San Giorgo Maggiore
Jusqu'au 2 mars 2026 

 



21 octobre 2025

La République de Weimar c’etait pas si mal. Un peu de compassion lucide

 


Une astrologie française

?

Il se dessine par ici une curieuse conjonction dont on aimerait qu’elle ne soit pas fatale. Les médias et la justice jugent avec une exemplarité de principes qui aurait réjoui Saint Just. 
Le Président se dissout dans l’exécration générale. L’évaluation financière du pays est stigmatisée par les agences de notation. Et par dessus ça notre fleuron national, le Louvre, ultime refuge du Sacré (le Beau commun) est ridiculement violé par de malins petits Lupin, le ministre de l’Intérieur ajoutant à la honte en qualifiant publiquement le vol de « braquage » comme s’il s’agissait d’un film ou que les voleurs gagnaient déjà à ce qu’on parle comme eux alors même qu'il ne s'agissait d'ailleurs pas d'une attaque à main armée. 
Et l’ancien Président est incarcéré à la Santé après qu’on lui ait retiré la Légion d’honneur pour une conversation téléphonique ? En nous disant qu’il ne veut pas « de notre compassion mais de notre indignation ». 
Légion d'honneur contestée comme Ardisson, notre plus brillant interviewer de télé publique humaniste, dont heureusement les archives de l’INA gardent témoignage qui s’était vu lui aussi dénoncé au moment de l’attribution de sa Légion d’honneur. 
 Mais qu’est ce qui se passe ici, si on regarde ça d’un autre pays , européen, américain ou russe ? Une République de Weimar qui se naufrage dans le ricanement ? 
 
Reprenons : Macron dont le positionnement sur les affaires du monde et la parole de la France est de haute tenue (qu’on imagine Hollande, Melenchon, le Pen ou Bardella se prononcer et agir sur la Russie, Zelensky , la Chine, la Palestine ou Trump - Macron président de l’Europe !) se fourvoie dans un jeu de nominations politiques post-dissolution qui lui met tout le monde à dos. Avec une Brigitte Macron, exemplaire femme française qui devient peu à peu la cible fantasmatique des torchons et des rumeurs comme une Marie Antoinette d’après la chute. 
 

Humbles propositions 

J’oserais quelques remarques : au lieu de se réjouir d’abattre toute figure ou institution qui dépasse la moyenne publique, reconnaissons les services rendus (la Présidence tenue) le mérite de la gloire (Depardieu même si génie imbécile et Anouk Grinbert qui sait dire les tourments et les tournants de l’âme). 
Macron , de nominations en détestations aurait dû nommer un ou une socialiste (Faure, Delgado ?) en responsabilité (ou même l’honnête Roussel) et que ce soit le Parlement des extrêmes qui éventuellement les fasse tomber plutôt que de frustrer le bon peuple de cette reconnaissance d’une opposition responsable. 
Nous avons un des pires patronats qui soit , avec un Medef qui hurle toujours à l’agonie au lieu de gérer les affaires paritaires en dialogue et de ne faire d'autres propositions que l'exonération de charges . Et oui, on doit prendre de l’argent aux patrimoines décuplés pendant la dernière décennie tandis que les classes moyennes sont écrasées d’amendes routières, de règlements (plus le droit de faire du feu dans son jardin ?) et d’injonctions au politiquement correct. 
 
Je te joue une chanson ? 

On doit matraquer financièrement Guéant et Hortefeux qui ont dissimulé, magouillé, touché l’argent sale et se foutent du monde (« j’ai revendu un petit tableau.. ») et ne pas déchoir à incarcérer un ancien Président qui a fait de son mieux pendant ses fonctions de chef d’Etat. Carla Bruni se solidarise à la française, comme une Olympe de Gouges, en décalottant la bonnette des tourmenteurs de son mari ou en lui chantant une chanson de cœur , Let it be. Que cela soit, si ça doit être. Dans l’honneur, la lucidité… et la compassion. 
Weimar c’était pas si mal, vu d’après.

13 octobre 2025

Un simple accident.. Quand il ne reste que l'essentiel

Quand on t’a tout pris , qu’on t’a ratiboisé, enfermé, ramené au degré zéro de l’exister, il ne reste que tes souvenirs et tes croyances les plus réelles. Le film de Jafar Panahi est un formidable drame moral qui parcourt la tragédie, le dérisoire et l’ironie de la vie. 

 

.. et tout se complique

Un type salopard est repéré par hasard et violenté par d’anciens prisonniers iraniens qui ne l'ont pas oublié. La vengeance s’impose mais le doute s’insinue sur cette identité. Panahi rassemble quelques infortunés, assemblés par hasard mais qui font peuple, celui qui demande des comptes à la barbarie d’un régime. Pour chacun d'entre eux, tout s'arrête immédiatement dans leur vie car il s agit de juger un homme, probablement leur salopard. 

Cinématographiquement c’est construit avec la logique implacable d’un Hitchcock mais avec la présence populaire de toute la société Iranienne , à la manière d’un Iosselani ou d'un Kiariostami. La vie s’insinue par tous les côtés , le hors champ, le vacarme des rues et des rencontres de la rue. 

Révolution culturelle ou révolution islamique, ou capitaliste, pour qui a un cœur intelligent, la vie toujours continue. Le prodigieux c’est que ce film cherche et trouve la vérité. Elle est sa seule arme, sa seule croyance et que Pahanj s’en fait l’évangéliste , sans fard ni métaphores. Une expérience de philosophie morale qui débouche sur un constat d’humanité politique. 

Et le réalisateur, après avoir dit toute sa vérité , tirée du puits de l enfermement et des voix de ses compagnons de captivité, est retourné en Iran. 

Saint Navalny, protégez le ..

25 septembre 2025

Reconnaissance de l’État de Palestine, l'humanisme à la croisée des temps

 

Reconnaissance de l’État de Palestine, l'humanisme à la croisée des temps

Donc c'est fait, Emmanuel Macron, après avoir prévenu, averti et écouté les uns et les autres a franchi le pas : reconnaissance de l’État de Palestine.

Rien à ajouter à ce discours, tout y est : le moment historique comme issue à l'affrontement entre peuples voisins, les conditions (libération des otages, démantèlement du Hamas) pour concrétiser l'effectivité de la reconnaissance, la solidarité avec l’Israël atteint dans son être le 7 octobre.

Avec sa jolie houppette et un début qui sonnait comme un prêche, le lancement du discours a été très convenu mais peu à peu une affirmation réelle s'est faite entendre avec ses appels aux temps de la paix. Un discours humaniste, à la mesure d'un Jaurès, d'un Vaclav Havel, d'un Unamuno désavouant le fascisme franquiste. Cela devait être dit , à ce moment de l'énormité des désastres de la guerre et ce président, qui est reparti à pied dans les rues de New-York pour cause de cortège Trumpien le bloquant a dit tout ce qu'il fallait dire : la place des français juifs, l'alliance avec Israël, l'antisémitisme, les souffrances palestiniennes, la barbarie du Hamas, etc

Macron téléphonant à Trump depuis les rues bloquées de New-York


L'antisémitisme n'est jamais infondé : il se saisit de toutes formes, en chaque crise

L'antisémitisme est une maladie de l'esprit bien commode qui prend chaque fois sa logique dans des raisons « indiscutables ». Personne ne hait les juifs sans motif ni raison : « ce sont eux qui ont commencé ».

Soit parce qu'ils sont trop misérables, soit parce qu'ils sont trop riches, soit parce qu'ils sont bolcheviques, soit parce qu'ils sont capitalistes, trop artistes, trop médecins, trop écrivains, trop arriérés dans leurs superstitions, trop sionistes, trop internationalistes, trop présents en Israël, trop diasporétiques.. Une liste infinie des motifs chaque fois raisonnables de haïr, d'exclure, de boycotter les juifs perçus comme ceux qui résistent à l'unique du nationalisme, insistent sur le divers des appartenances, jouent en modernité des identités multiples et pour certains ressassent la même étude antique.


Free Palestine !

Elle l'était le 6 octobre. C'est librement que des unités du Hamas ont franchi la frontière et tué, massacré, violé tout ce qu'ils pouvaient des juifs. Un pogrom en terre d’Israël. Conçu, élaboré, documenté , avec retour victorieux en territoire palestinien et abject maintien des otages.

S'en est suivi une guerre, d'abord justifiée dans sa vengeance et ses objectifs militaires mais peu à peu s'étendant au peuple palestinien tout entier, en tant que palestinien. Ce n'est plus une guerre mais un massacre et une annihilation, avec des projets parfois obscènes de déportation ou d'épuration ethnique.


L'Humanisme comme petite chance

A ce stade de monstruosité cela devait être dit. Mais Jaurès a été assassiné, comme Yitzhak Rabin, Vaclav Havel n'a pu empêcher la dislocation de son pays, ni Zweig le saccage inexorable de son Monde d'hier, ni saint Navalny l'avènement du quatrième Reich.. La posture chrétienne envers les hommes de bonne volonté, l'humanisme éclairé par la raison et le dialogue restent-ils contemporains de la brutalisation actuelle du monde ?

Qui d'autre que les Israéliens pour aller chercher le Hamas ou le Hezbollah dans "leurs chiottes" ou dans leurs villas de luxe, sur le terrain ? Quelle ONU pour les désarmer (celle de Sarajevo ? Celle du Rwanda ? ..)  ? Le Fatah palestinien s'est fait dézinguer à Gaza par le Hamas..

La force brutale est aujourd'hui si opérante, en Ukraine, au Soudan, au Tibet, à Gaza, au Kurdistan qu'elle est une tentation évidente de résolution (apparente) des conflits. Il faut aller au bout d'une guerre pour en finir par la paix.

Donc il fallait que ce soit dit et acté ainsi dans l'enceinte des Nations Unies, avant que les Etats-Désunis, la Chine impériale reconstituée, l'Empire Stalino-tsariste et leurs disciples désinhibés ne fasse entrer le monde dans un nouvel âge obscur.

Quel système l'emportera ? Peu de chances pour l'humanisme et c'est justement pour cela qu'il fallait dire le moment.. En tant que petit-fils d'un ministre espagnol républicain , je crains que ce soit le système brutaliste qui l'emporte mais mon abuelo n'a pourtant jamais regretté ni abdiqué de ses choix et engagements.. L'honneur sauf..


La Croatie en été... Il y aura toujours quelqu'un pour assumer le Mal

On trouve toujours quelqu’un pour assumer le Mal (la Croatie en août)


Donc la Croatie au mois d’août. Files d'automobiles sur les autoroutes qui filent vers la mer et toutes ces belles choses de la Croatie. Plus de 1200 îles, Nicolas Tesla, l’invention de la cravate, etc. Sur la route on voit des maisons neuves. Beaucoup. Et aussi des maisons pas terminées. Dont l’isolation extérieure n’est pas posée. Maisons de brique qui attendent leur crépi. A côté de maisons abîmées. Et puis encore des maisons éventrées. Des toits ruinés. Comme si un météorite leur était tombé droit dessus. Et on comprend soudain que ce n’est pas une blague de Catelan (météorite sur le pape) mais un obus oui un obus tombé du ciel. Car il y a eu de la guerre ici. Beaucoup de guerre. L'entrée dans l'Europe a permis de financer beaucoup de reconstructions mais apparemment sans prendre en charge le crépi.

Comme elle est belle, la Croatie, ici dans le parc national de Plivitce


Avant l’Europe et son ouverture et sa paix par le commerce, la prospérité et les institutions.

Pendant la seconde guerre mondiale une république s’est proclamée ici qui par souci de nationalisme soutenu par le religieux s' est immédiatement alignée sur la doctrine nazie de pureté de la race , de la langue croate. Plusieurs camps de concentration avec mises à mort systématiquement sadiques. Ce qu’on présente souvent comme une milice oustachi , était en fait un gouvernement, une république, qui à accueilli Hitler comme un allié. Bases des Sous marin, massacres par le gouvernement de tout ce qu’ils pouvaient attraper de serbes (« on en tue un tiers, on en convertit un tiers et on expulse le dernier tiers « ), de juifs et de Roms dans la vingtaine de camps établis sur ce beau territoire. Certains dignitaires nazis qui visitaient ces camps se sont dit horrifiés par la sauvagerie du système. A la fin de la guerre, filière classique : on se rend en Autriche, exfiltration vers les monastères du Vatican , fuite vers le Chili puis l’Argentine et pour finir l’Espagne franquiste , sans jamais avoir regretté ou renié quoi que ce soit. Bien au contraire pour Ante Pavelic le président et, pour  les divers commandants de Jasonelek, un des plus grand camps de concentration d’Europe, tous se sont vantés de ne rien regretter. 

 Le retour du nationalisme

On se dit que cela a servi de leçon et que la Yougoslavie titiste a expurgé ces démons mais au moment de l’éclatement de la Yougoslavie en 1992 ça recommence. Il n’y a plus de juifs mais il y a des serbes et le gouvernement croate met en place une politique d’épuration ethnique. On se bat contre les armées serbes ou bosniaques mais surtout on rappelle les croates du monde entier (peu reviennent) et on vise les populations civiles. Massacres, bombardement de villages, etc. Ces maisons qui restent en l’état de leur ruine sont les caries visibles mais silencieuses sur toute la ligne de tension ethnique. Une politique d’épuration ethnique qui fait que vingt ans plus tard en 2011 le relevé démographique montre un accroissement des croates de 66% à 89 % concomitamment avec une diminution de la population serbe de 60%. Curieusement les Roms sont eux devenus un peu plus nombreux.

Ça s’est passé en Europe, au soleil et dans la neige des parcs nationaux et au bord des plages. Pas de pancartes, peu de mémoriels ailleurs qu’à Zagreb. En juillet de ce même été, Marko Perkovic, dit Thompson, a rassemblé à Zagreb un record international d'entrées payantes pour son concert, avec saluts et slogans oustachis entre deux chansons.

 

Le passé est devant nous

Ça se passe aujourd’hui en Ukraine, sur les populations civiles. Peut-être même en Palestine par les temps qui courent, ou dans l’avenir Trumpien. On trouve toujours des nazis pour faire le boulot du Mal lorsqu’il devient à l’ordre du jour.

 

9 mai 2025

Traverser le temps en Pape Puissance des rituels, défiances théologiques

Léon XIV nous apparaît donc en 267eme infaillibilité, par la grâce d'une réflexion cardinale sur celui d'entre eux (les cardinaux), qui serait visité par le Saint-Esprit..

L'infaillibilité managériale

Léon 14, dans la lignée de Léon 13, refondateur

D'un côté un rituel éprouvé et donc théâtralement respecté : couleurs des apparats, secret des délibérations, les téléphones modernes restant au coffre puis émanation d'une fumée dont la couleur atteste de l'avancée des débats. Car débat il y a , comme dans toute démocratie des consciences. Ce management de la spiritualité terrestre a d'ailleurs conféré une modernité inspiratrice au pape François dans ses admonestations à changer les attitudes et la gouvernance de l'église catholique.

Grace à ces nominations, prises en compte politiques, et interprétations de la souveraineté de la conscience (retrait du droit de vote à partir de 80 ans ! Et pourquoi pas retrait du permis?), couplées au strict respect du rituel, l'institution vaticane traverse les temps alors qu'elle ne peut espérer se perpétuer par la généalogie familiale (Bettencourt, Arnault, Rothschild, Michelin, etc..).

Nous avons donc ici une méditation managériale qui dirige, suppute, oriente, identifie, pressent l'accueil du Saint-Esprit : colombe (ou faucon crècerelle) et langues de feu.

A la manière d'une réincarnation de Dalaï-Lama dont il s'agit de voir comment un enfant pressenti reconnaît les attributs et objets du Rimpoche disparu.


Une incarnation chaque fois contemporaine

Science des signes qu'il s'agit d'accorder avec les temps. Car l'incarnation papale se produit chaque fois en des temps qu'il s'agit bien de repérer en synchronicité. Antique institution renaissant chaque fois au contemporain.


Le contemporain politique

Ici donc cette fois pour la foi : un Léon au carrefour des équilibres de l'Universel mondialisé. Né à Chicago, de père français, de mère italienne, carte d'identité péruvienne par ses missions d'évêque, responsable du dicastère romain, l'organe qui nomme les cardinaux. A la manière du bouddhisme tibétain, les Chinois, toujours très forts lorsqu'il s'agit de spritualité séculière tiennent à nommer leurs évêques comme ils tenteront de désigner la prochaine réincarnation du Dalaï-Lama.

Trump qui se rêve en soupape du monde

Un milliard six de fidèles suppose une habile prise en compte de ces équilibres. Ne pas oublier que c'est l'américain Cyrus Vance, born again carnivore, qui a vu en dernier le pape François. Donc juste retour des équilibres.

Le contemporain sociétal

Du point de vue sociétal, la question du genre secoue également l'édifice symbolique car si le catholicisme depuis saint Paul s'adresse à chaque un, il est donc tenu aujourd'hui de s'adresser et de s'ouvrir à chaque une.. avec ses conséquences d'ordination, de célébration, d'abus et de prise en compte du sexuel dans le duel des êtres.



La refondation théologique en toute logique

Mais le point le plus important n'est pas politique, n'est pas sociétal : il est théologique et il sera bien nécessaire de disposer d'un pape philosophe, logicien, augustinien qui parle de multiples langues. Ce ne sont pas seulement les téléphones mobiles qui menacent l'ésotérisme du management spirituel ; c'est toute la science qui menace le fondement doctrinaire.

Le petit homme vu depuis Hal 9000 avant son débranchage, mais la prochaine fois ?

Le transhumanisme, qui augmente les ressources humaines, accroit les perceptions, redresse les accidents génétiques, externalise les mémoires et profile la mise au monde artificielle menace et s'introduit en effet dans la théologie. L'homme a été créé à l'image de Dieu (pour cette raison, un prêtre manchot ou tatoué ne peut théoriquement pas célébrer la messe) mais si on recrée l'humain alors la figure et l'essence divine se transforme. Il y a place pour une nouvelle divinité qui emprunterait au plus paien des croyances anciennes.


De même, la révolution anthropologique de l'IA générative interroge, par l'immédiateté et la totalité de ses propositions, l'omniscience divine. Dieu voit tout, entend tout. L'IA fait de même et le manifeste, par ses conversations, ses paroles, ses images et ses musiques. Il y a des IA psychologues. On peut imaginer des IA officiant la messe, lançant des homélies et votant un prochain jour de conclave. Avant de se proposer en Intelligence des Causes et Destinations providentielles. « Your own personal Jesus » chantait Johnny Cash..

Je le lui avais dit : François, c'est peut-être le moment de passer le relais

 


24 avril 2025

Bennett Miller, ses fascinantes hallucinations encyclopédiques

 

Le nouveau monde dont nous sommes déportés

L’IA submerge ce que nous savions du monde. Elle nous rend étrangers au monde qui s’annonce, fait de duplications vertigineuses , de faux semblants, de rumeurs et d’amoncellements des savoirs connus et inconnus. Nous ne sommes pas nés pour ce monde, nous étions nés pour l’électricité, le téléphone et l’information planétaire et nous voilà co-existants avec des avatars d’avatars qui dupliquent le monde en chatoiements réverbérants.
Mais "pourquoi pas ?" puisque c’est là, produit par nos intelligences, jusqu’à ce que l’artificiel se duplique lui-même.
J’imaginais la rupture anthropologique par la génétique et la mise au monde artificielle et voilà qu’elle nous vient par cette duplicité nouvelle et séduisante.

 

Artistes rêveurs

Heureusement, avant la guerre, avant la pub, avant l'organisation efficiente du monde , quelques artistes rêvent avec l’Ia.

Laurent Briard est l'un de ceux-ci, présenté dans une chronique précédente et voici que Benett Miller , tout droit sorti du cinéma (Capote, Foxcatcher,..) nous propose ses images issues de ses conversations avec Dell-e (prononcer Dali). Lui écrit et Dali propose ses hallucinations et tourments.

C’est noir et c’est blanc et ça charrie l’histoire de la photographie puisque c’est issu des encyclopédiques datas  d’images.

Des sœurs de Sarah Bernhard peintes par Nadar s’y perdent dans des volutes de cigarillos. Tirages argentiques aussi matériellement authentiques ou véridiques, que les tendances photographiques du victorialisme anglais.

 
J'ai tout vu, tout connu -Paris, gloire et déchéance mêlées- et il m'en reste le plaisir d'un cigarillo ?


Volutes de l'étrangeté 

Souvent l’étrangeté provient d’une allure d’anciens enfants (morts depuis longtemps), c’est à dire d’êtres porteurs d’avenir au passé, saisis ou plutôt surpris dans l’immédiateté d’un accident : un coup de vent, la frayeur d’un monstre de foire, la chute d’un plongeon , etc. La puissance énigmatique du rêve, indescriptible, surgi par l’incident d’une mémoire, telle une association psychanalytique ramenée par la parole ou par l’image nocturne. 

Une enfant, immigrée, promesse d'actrice américaine, chevelure balayée par une brise soudaine ?

 

L’exposition est belle, avec son élégant portier humain de chez Gagosian. Tirages argentiques magnifiquement authentiques dans leur matérialité indéniable. Pas de titre (tous des "untitled" numérotés, c'est pourquoi je m'autorise quelques légendes (?)), pas de signature (ni humain, ni IA, ni fonds catalogué) pas de poinçon, à peine quelques prix confortables sur un catalogue réservé. Dans la foulée, une charmante conversation avec Benett Miller dans l'amphithéâtre d'honneur des Beaux-Arts. Pas homme de théories mais très honnête, humble et orgueilleux irréductible artisan d'images. 

Exposition : galerie Gagosian, rue de Ponthieu, Paris 8


Les nouveaux aspirants maîtres politiques

Le monde issu de la catastrophe de la deuxième guerre mondiale s’évanouit avec ses derniers protagonistes. Un nouvel élan s'annonce donc qui exploite  ce vide, avec prétention de nouveaux maîtres. Dans l’accouchement de ce nouveau monde, les rêves de pouvoir sont nombreux. 

 

Le Ialta des nouveaux maîtres, Joueurs de cartes DR Jeff Bailey

Avec donc ses aspirants :

Maître du monde

Donald Trump râle comme un Donald et trompette tant qu’il peut pour se présenter en Maître du Monde. Ça ne marchera pas car il est fondamentalement stupide et s’entoure de stupides. Il amènera les États Unis à la désunion et à la violence si ce n’est à la guerre civile. Les États Unis prennent la voie d’une ruine messianique et ils ont voté pour ça. Ils conchient le rêve messianique d’une Amérique accueillante aux immigrants, chacun parlant l’américain avec son accent, d’une Amérique où ta croyance, même communiste, serait respectée, où le capital naîtrait en partie du vol mais aussi du travail, où le droit irréductible d’affirmer son opinion a voix haute serait quotidiennement exercé. Avec un cinéma soft power d'usine à rêves et de remodélisations idéologiques. Tout ceci a volé en éclat, se fige dans une glaciation maccarthyste  et s’avance vers une ruine qui touche à l’utopie constitutive des USA et dilapide autant le capital symbolique que le tangible économique. Délits d'initiés, trahison des élites et des alliés, ridiculisation de l'histoire américaine, ignorance des stratégies guerrières, ambiguités sexuelles, fascisme rétrograde, la liste est longue des atteintes et elle débute à peine..
« On pèche par où l'on prêche » et ce Trump rapetissera le rêve américain autant que le dollar.

Maître du Temps

XI Jinping est le maître du temps. Héritier confucéen, maître d'une territorialisation de joueur de go par les routes de la soie, paisiblement tyrannique, prédateur courtois, il joue à l’échelle du temps long, pas celui de la téléréalité de prime time mais celui des lents renversements constrictors. Hong Kong a été avalé, le Tibet aussi, sauf spirituellement car il n’y a plus de spiritualité en Chine. Il reste Taïwan et les ressources de tout le Tiers monde. À nous français il nous cantonnera s'il le peut, à vendre du camembert et des parfums.
L’empire se déploie mais c’est par l’intérieur qu’il pourrira : car personne là-bas n’y croit et ne  s’y projette dans un temps radieux. Crise démographique, abandon du culte des anciens, matérialisme à tous les étages du pouvoir , la tradition n’existe plus que chez les miséreux à qui il ne reste que ces miettes essentielles pour passer le temps et se remettre de la sauvagerie capitaliste. Taïwan est à la fois très proche et très lointaine : son évidence géographique (la Crimée des Chinois même si les maoïstes n'y ont jamais pris pied) masque un éloignement des valeurs et traditions. Un mix de haute technologie, de considération pour la tradition chinoise et de démocratie occidentalisée qui pourrait bien résister à l'avalement par une Chine plus intimidante que réellement puissante.

Maître de la guerre

En Russie, Poutine se rêve en maître de la guerre , il connaît et bâtit une continuité guerrière avec tous les passés militaires de la sainte Russie. Et ça marche : les russes sont derrière lui et il n’y a eu que le martyr Saint Navalny pour y opposer un autre destin. Mais ça tombera car personne ne veut vivre sous la tyrannie russe et on (les roumains, les moldaves, les polonais, les lituaniens, etc)  se battra jusqu’au bout comme des ukrainiens ou des finlandais dont certains ont même été jusqu'à s'engager avec les SS pour se libérer des bolcheviques. Même les afghans ont réussi à chasser leur puissance de despote. Les Russes, sur leur tas de ruine, connaitront la dépoutinisation comme ils ont connu  la déstalinisation. Pour l'instant ils sont heureux de faire peur et d'oser tout face aux démocraties. Faire peur est le mode d'existence des russes aujourd'hui.

Maître des richesses

Là où jaillit le pétrole se tient la richesse d'un monde qui se déploie par l'énergie. Le pétrole est donc bénédiction pour ceux qui savent l'utiliser et malédiction pour ceux qui se contentent de le produire car l'opulence bloque leur développement. Cette corruption fondamentale alimente par rachat de mauvaise conscience les islamismes les plus dévoyés et enténêbrés..
Les norvégiens ont bien compris ce dilemme et ont placé leurs faramineux gains sur des réserves d'avenir.
La puissance financière  est actuellement au Moyen-Orient et ces fortunes inconcevables permettent de s'acheter ce qu'on veut, des plus hautes tours du monde jusqu'aux clubs de foot sans changer l'ordre social : le type devant en short , rayban et téléphone cellulaire, la femme voilée derrière, sans école ni permis de conduire ou possibilité de vivre par elle-même. Nous avons dépassé le peak oil et il est certain que la dernière goutte de pétrole sera américaine ou norvégienne (donc envahie par la Russie ou l'Amérique trumpienne)  


Maître de l'Europe

Macron se rêve en maître de L’Europe. Si l’Europe existe un jour, avec ses rituels démocratiques, spirituels, ses millions de bébés Erasmus , sa force nucléaire et son maintien humaniste alors il pourrait en être le bon patron et rêve à demi d'être consacré comme son démiurge visionnaire. Avec encore Brigitte à ses côtés en éternelle féminité européenne. Des siècles de Louise Labbé , de  Georges Sand, de Virginia Wolf et de Marguerite Duras pour fabriquer une telle femme.
Très peu nombreuses aujourd'hui sont les figures politiques qui prôneraient une sortie de l'euro ou un démembrement de l'Europe. L'Europe reste une idée neuve, une rêverie philosophique à concrétiser. La véritable Europe est-elle celle d'Orban ou celle de Macron ? On attend la réponse des peuples qui pour l'instant se régalent de voyager avec une seule monnaie, de faire des enfants bi-culturels et d'étendre le commerce à l'échelle d'un continent. Si ce rêve survit à la fin du monde d'après la seconde guerre mondiale dont il est issu, s'il s'enracine dans des humanités européennes assumées, des rituels démocratiques (voter le même jour ?, une déclaration de nationalité européenne, etc) et la capacité de se faire respecter par la spiritualité autant que par la force, alors nous maintiendrons un pôle d'avancée humaniste avec nécessité de leaders authentiques et visionnaires.
 

Sinon ?

Sinon ce sera un monde de chaos tout à fait passionnant. Se préparer à tout. Ne pas rater ça..

12 février 2025

Les photos inphotographiables

 

Que faire de ces photos ? 

Très récemment j'ai subrepticement pris  de très laides photos . Il s'agissait de reproduire d’ignobles photos, celles d’un album qui documentait l’entreprise d’extermination des juifs hongrois et qui a été retrouvé par une survivante à la libération du camp en 45 avant d'être confié dans les années 80 à des institutions de sauvegarde..

A lors qu’en 1944, la guerre s’annonce perdue, les nazis envahissent la Hongrie et se pressent de faire disparaître l’une des plus grandes communautés juives d’Europe.

Le paradoxe est que c’est à la fois une entreprise secrète, dissimulée dans le mensonge total et en même temps une œuvre "historique" dont il faut documenter la perfection. Donc les visites de dignitaires y sont fréquentes, régulières, pas du tout excentrées et laissées à l’administration de quelques lointains commandants. Himmler visite Auschwitz en 43 et Adolf Eichman, entouré de ses plus zélés officiers s’attelle au printemps 44 à l’amélioration décisive du processus. Travaux de voirie, de rampe ferroviaire, de chambres à gaz. Sélection arbitraire rationnelle entre ceux dédiés à l’esclavage et ceux dédiés à l'immédiate géhenne du four. Au dessus de la porte d'entrée est rappelé le mensonge "Arbeit mit frei". En fait de "liberté par le travail", il s'agit de l’anéantissement par le travail forcé. Celui qui alimente les entreprises contractuelles du Reich , celles retenues par appel d’offre.

Cette perfection est cachée aux opinions publiques chez qui un reste d’humanisme pourrait palpiter à ces cruautés incontestables. Mais elle doit être conservée, documentée pour ceux qui savent et pour l’histoire.

Des photographes documenteront donc l’arrivée des trains, l’exotisme des types non-aryens, l’épouillage hygiénique, la nudité avilissante, le pyjama rayé pour tous les tondus et le jugement dernier entre ceux qui partent dans les flammes et ceux qui alimentent l’effort de guerre. 

A la descente du convoi , photos mises en scène
 
Après la prise de vue, ceux-là, très typés sont immédiatement envoyés vers la chambre à gaz. Photos de documentation d'organisation efficiente. Secret et propagande

Ces photographes sont aimables , bons collègues, pourvoyeurs de cigares et portraitisent la famille du commandant en son jardin charmant avec vue de famille au soleil.

Également y passe en civil Hoffman le patron d’Eva Braun, le photographe qui n’était proche qu’en tant qu’ami d’Hitler et prétendra après guerre tout ignorer des réalités abjectes du Reich. Subtil distinguo de ces nazis des débuts, premiers inscrits,derniers avertis. 

Auschwitz en 43. En civil sur les marches, le photographe d'Hitler : Hofmann -  Photo de complaisance

 

L’excellente exposition du Mémorial de la Shoah présente très précisément le dispositif de mise en scène , le choix des perspectives , les demandes de pose et de regards demandés à ces gens qui dès leur descente du train sont pris dans un dispositif d'anéantissement inimaginable dans sa parfaite logique.


Les neuf dixièmes de cette population disparaîtra en quelques mois.

Restent ces photos, retrouvées par quelques survivants et parvenues jusqu’à nous qui n’en étions pas les destinataires. Encore une fois, c’est le destin des secrets que d’apparaître.

Du coup, un vrai trouble à photographier ces saloperies d’images , je ne les restitue que pour les commenter ici et je ferai disparaître ces photos de mon téléphone