Reconnaissance de l’État de Palestine, l'humanisme à la croisée des temps
Donc c'est fait, Emmanuel Macron, après avoir prévenu, averti et écouté les uns et les autres a franchi le pas : reconnaissance de l’État de Palestine.
Rien à ajouter à ce discours, tout y est : le moment historique comme issue à l'affrontement entre peuples voisins, les conditions (libération des otages, démantèlement du Hamas) pour concrétiser l'effectivité de la reconnaissance, la solidarité avec l’Israël atteint dans son être le 7 octobre.
Avec sa jolie houppette et un début qui sonnait comme un prêche, le lancement du discours a été très convenu mais peu à peu une affirmation réelle s'est faite entendre avec ses appels aux temps de la paix. Un discours humaniste, à la mesure d'un Jaurès, d'un Vaclav Havel, d'un Unamuno désavouant le fascisme franquiste. Cela devait être dit , à ce moment de l'énormité des désastres de la guerre et ce président, qui est reparti à pied dans les rues de New-York pour cause de cortège Trumpien le bloquant a dit tout ce qu'il fallait dire : la place des français juifs, l'alliance avec Israël, l'antisémitisme, les souffrances palestiniennes, la barbarie du Hamas, etc
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Macron téléphonant à Trump depuis les rues bloquées de New-York |
L'antisémitisme n'est jamais infondé : il se saisit de toutes formes, en chaque crise
L'antisémitisme est une maladie de l'esprit bien commode qui prend chaque fois sa logique dans des raisons « indiscutables ». Personne ne hait les juifs sans motif ni raison : « ce sont eux qui ont commencé ».
Soit parce qu'ils sont trop misérables, soit parce qu'ils sont trop riches, soit parce qu'ils sont bolcheviques, soit parce qu'ils sont capitalistes, trop artistes, trop médecins, trop écrivains, trop arriérés dans leurs superstitions, trop sionistes, trop internationalistes, trop présents en Israël, trop diasporétiques.. Une liste infinie des motifs chaque fois raisonnables de haïr, d'exclure, de boycotter les juifs perçus comme ceux qui résistent à l'unique du nationalisme, insistent sur le divers des appartenances, jouent en modernité des identités multiples et pour certains ressassent la même étude antique.
Free Palestine !
Elle l'était le 6 octobre. C'est librement que des unités du Hamas ont franchi la frontière et tué, massacré, violé tout ce qu'ils pouvaient des juifs. Un pogrom en terre d’Israël. Conçu, élaboré, documenté , avec retour victorieux en territoire palestinien et abject maintien des otages.
S'en est suivi une guerre, d'abord justifiée dans sa vengeance et ses objectifs militaires mais peu à peu s'étendant au peuple palestinien tout entier, en tant que palestinien. Ce n'est plus une guerre mais un massacre et une annihilation, avec des projets parfois obscènes de déportation ou d'épuration ethnique.
L'Humanisme comme petite chance
A ce stade de monstruosité cela devait être dit. Mais Jaurès a été assassiné, comme Yitzhak Rabin, Vaclav Havel n'a pu empêcher la dislocation de son pays, ni Zweig le saccage inexorable de son Monde d'hier, ni saint Navalny l'avènement du quatrième Reich.. La posture chrétienne envers les hommes de bonne volonté, l'humanisme éclairé par la raison et le dialogue restent-ils contemporains de la brutalisation actuelle du monde ?
Qui d'autre que les Israéliens pour aller chercher le Hamas ou le Hezbollah dans "leurs chiottes" ou dans leurs villas de luxe, sur le terrain ? Quelle ONU pour les désarmer (celle de Sarajevo ? Celle du Rwanda ? ..) ? Le Fatah palestinien s'est fait dézinguer à Gaza par le Hamas..
La force brutale est aujourd'hui si opérante, en Ukraine, au Soudan, au Tibet, à Gaza, au Kurdistan qu'elle est une tentation évidente de résolution (apparente) des conflits. Il faut aller au bout d'une guerre pour en finir par la paix.
Donc il fallait que ce soit dit et acté ainsi dans l'enceinte des Nations Unies, avant que les Etats-Désunis, la Chine impériale reconstituée, l'Empire Stalino-tsariste et leurs disciples désinhibés ne fasse entrer le monde dans un nouvel âge obscur.
Quel système l'emportera ? Peu de chances pour l'humanisme et c'est justement pour cela qu'il fallait dire le moment.. En tant que petit-fils d'un ministre espagnol républicain , je crains que ce soit le système brutaliste qui l'emporte mais mon abuelo n'a pourtant jamais regretté ni abdiqué de ses choix et engagements.. L'honneur sauf..