A toute heure, une conversation impromptue |
Dans le taxi qui me mène vers le MALBA (Museo de Artes latinos de Buenos Aires) , après un long silence tranquille je parle de tango avec le chauffeur car en dépit du soleil je garde mon écharpe , après avoir passé une partie de la nuit sous le climatiseur de la milonga.
Après m’avoir assuré qu’il rêvait de danser le tango à 15 ans, qu’il pensait à 20
ans commencer pour ses 30 ans, je m’amuse de l’imaginer s'y mettre vraiment à la
retraite et il me rétorque qu’à présent dépassant les 40, il envisage de
prendre une année de cours particuliers afin de "parvenir au niveau des
grands danseurs".
Puisque je suis français, il me précise que au sixième tome de la
recherche du temps perdu il y a un passage passionnant sur le tango.
Nous énumérons les différents livres de la Recherche en nous les remémorant ravis puis dans ce
développement littéraire, lui demandant ce que je dois donc lire d’argentin,
il me recommande Borges également en me disant que c’est le grand
écrivain d’ici le grand passeur et qu’ il a été prisonnier de conflits
idéologiques déplacés mais que c’est la source de l’Argentine. Il lui
doit la Divine Comédie et Dostoievski. Moi je lui dois 680 pesos mais il
récuse mon pourboire.
En quelle autre ville ces conversations qui suspendent le temps ?
Deux jours plus tard , dans un autre taxi, un rock ancien m’accueille sur les sièges fatigués. Lou Reed. Radio ou compilation ? Je demande.
Compil personnelle. Des heures de jazz et rock qui lui réchauffent
le cœur pendant ses longues journées. Le taxista a vu Queen 3 fois et
nous finissons de traverser Buenos-Aires avec Léonard Cohen en remontant les
généalogies européennes de lui et sa femme.
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