25 septembre 2025

Reconnaissance de l’État de Palestine, l'humanisme à la croisée des temps

 

Reconnaissance de l’État de Palestine, l'humanisme à la croisée des temps

Donc c'est fait, Emmanuel Macron, après avoir prévenu, averti et écouté les uns et les autres a franchi le pas : reconnaissance de l’État de Palestine.

Rien à ajouter à ce discours, tout y est : le moment historique comme issue à l'affrontement entre peuples voisins, les conditions (libération des otages, démantèlement du Hamas) pour concrétiser l'effectivité de la reconnaissance, la solidarité avec l’Israël atteint dans son être le 7 octobre.

Avec sa jolie houppette et un début qui sonnait comme un prêche, le lancement du discours a été très convenu mais peu à peu une affirmation réelle s'est faite entendre avec ses appels aux temps de la paix. Un discours humaniste, à la mesure d'un Jaurès, d'un Vaclav Havel, d'un Unamuno désavouant le fascisme franquiste. Cela devait être dit , à ce moment de l'énormité des désastres de la guerre et ce président, qui est reparti à pied dans les rues de New-York pour cause de cortège Trumpien le bloquant a dit tout ce qu'il fallait dire : la place des français juifs, l'alliance avec Israël, l'antisémitisme, les souffrances palestiniennes, la barbarie du Hamas, etc

Macron téléphonant à Trump depuis les rues bloquées de New-York


L'antisémitisme n'est jamais infondé : il se saisit de toutes formes, en chaque crise

L'antisémitisme est une maladie de l'esprit bien commode qui prend chaque fois sa logique dans des raisons « indiscutables ». Personne ne hait les juifs sans motif ni raison : « ce sont eux qui ont commencé ».

Soit parce qu'ils sont trop misérables, soit parce qu'ils sont trop riches, soit parce qu'ils sont bolcheviques, soit parce qu'ils sont capitalistes, trop artistes, trop médecins, trop écrivains, trop arriérés dans leurs superstitions, trop sionistes, trop internationalistes, trop présents en Israël, trop diasporétiques.. Une liste infinie des motifs chaque fois raisonnables de haïr, d'exclure, de boycotter les juifs perçus comme ceux qui résistent à l'unique du nationalisme, insistent sur le divers des appartenances, jouent en modernité des identités multiples et pour certains ressassent la même étude antique.


Free Palestine !

Elle l'était le 6 octobre. C'est librement que des unités du Hamas ont franchi la frontière et tué, massacré, violé tout ce qu'ils pouvaient des juifs. Un pogrom en terre d’Israël. Conçu, élaboré, documenté , avec retour victorieux en territoire palestinien et abject maintien des otages.

S'en est suivi une guerre, d'abord justifiée dans sa vengeance et ses objectifs militaires mais peu à peu s'étendant au peuple palestinien tout entier, en tant que palestinien. Ce n'est plus une guerre mais un massacre et une annihilation, avec des projets parfois obscènes de déportation ou d'épuration ethnique.


L'Humanisme comme petite chance

A ce stade de monstruosité cela devait être dit. Mais Jaurès a été assassiné, comme Yitzhak Rabin, Vaclav Havel n'a pu empêcher la dislocation de son pays, ni Zweig le saccage inexorable de son Monde d'hier, ni saint Navalny l'avènement du quatrième Reich.. La posture chrétienne envers les hommes de bonne volonté, l'humanisme éclairé par la raison et le dialogue restent-ils contemporains de la brutalisation actuelle du monde ?

Qui d'autre que les Israéliens pour aller chercher le Hamas ou le Hezbollah dans "leurs chiottes" ou dans leurs villas de luxe, sur le terrain ? Quelle ONU pour les désarmer (celle de Sarajevo ? Celle du Rwanda ? ..)  ? Le Fatah palestinien s'est fait dézinguer à Gaza par le Hamas..

La force brutale est aujourd'hui si opérante, en Ukraine, au Soudan, au Tibet, à Gaza, au Kurdistan qu'elle est une tentation évidente de résolution (apparente) des conflits. Il faut aller au bout d'une guerre pour en finir par la paix.

Donc il fallait que ce soit dit et acté ainsi dans l'enceinte des Nations Unies, avant que les Etats-Désunis, la Chine impériale reconstituée, l'Empire Stalino-tsariste et leurs disciples désinhibés ne fasse entrer le monde dans un nouvel âge obscur.

Quel système l'emportera ? Peu de chances pour l'humanisme et c'est justement pour cela qu'il fallait dire le moment.. En tant que petit-fils d'un ministre espagnol républicain , je crains que ce soit le système brutaliste qui l'emporte mais mon abuelo n'a pourtant jamais regretté ni abdiqué de ses choix et engagements.. L'honneur sauf..


La Croatie en été... Il y aura toujours quelqu'un pour assumer le Mal

On trouve toujours quelqu’un pour assumer le Mal (la Croatie en août)


Donc la Croatie au mois d’août. Files d'automobiles sur les autoroutes qui filent vers la mer et toutes ces belles choses de la Croatie. Plus de 1200 îles, Nicolas Tesla, l’invention de la cravate, etc. Sur la route on voit des maisons neuves. Beaucoup. Et aussi des maisons pas terminées. Dont l’isolation extérieure n’est pas posée. Maisons de brique qui attendent leur crépi. A côté de maisons abîmées. Et puis encore des maisons éventrées. Des toits ruinés. Comme si un météorite leur était tombé droit dessus. Et on comprend soudain que ce n’est pas une blague de Catelan (météorite sur le pape) mais un obus oui un obus tombé du ciel. Car il y a eu de la guerre ici. Beaucoup de guerre. L'entrée dans l'Europe a permis de financer beaucoup de reconstructions mais apparemment sans prendre en charge le crépi.

Comme elle est belle, la Croatie, ici dans le parc national de Plivitce


Avant l’Europe et son ouverture et sa paix par le commerce, la prospérité et les institutions.

Pendant la seconde guerre mondiale une république s’est proclamée ici qui par souci de nationalisme soutenu par le religieux s' est immédiatement alignée sur la doctrine nazie de pureté de la race , de la langue croate. Plusieurs camps de concentration avec mises à mort systématiquement sadiques. Ce qu’on présente souvent comme une milice oustachi , était en fait un gouvernement, une république, qui à accueilli Hitler comme un allié. Bases des Sous marin, massacres par le gouvernement de tout ce qu’ils pouvaient attraper de serbes (« on en tue un tiers, on en convertit un tiers et on expulse le dernier tiers « ), de juifs et de Roms dans la vingtaine de camps établis sur ce beau territoire. Certains dignitaires nazis qui visitaient ces camps se sont dit horrifiés par la sauvagerie du système. A la fin de la guerre, filière classique : on se rend en Autriche, exfiltration vers les monastères du Vatican , fuite vers le Chili puis l’Argentine et pour finir l’Espagne franquiste , sans jamais avoir regretté ou renié quoi que ce soit. Bien au contraire pour Ante Pavelic le président et, pour  les divers commandants de Jasonelek, un des plus grand camps de concentration d’Europe, tous se sont vantés de ne rien regretter. 

 Le retour du nationalisme

On se dit que cela a servi de leçon et que la Yougoslavie titiste a expurgé ces démons mais au moment de l’éclatement de la Yougoslavie en 1992 ça recommence. Il n’y a plus de juifs mais il y a des serbes et le gouvernement croate met en place une politique d’épuration ethnique. On se bat contre les armées serbes ou bosniaques mais surtout on rappelle les croates du monde entier (peu reviennent) et on vise les populations civiles. Massacres, bombardement de villages, etc. Ces maisons qui restent en l’état de leur ruine sont les caries visibles mais silencieuses sur toute la ligne de tension ethnique. Une politique d’épuration ethnique qui fait que vingt ans plus tard en 2011 le relevé démographique montre un accroissement des croates de 66% à 89 % concomitamment avec une diminution de la population serbe de 60%. Curieusement les Roms sont eux devenus un peu plus nombreux.

Ça s’est passé en Europe, au soleil et dans la neige des parcs nationaux et au bord des plages. Pas de pancartes, peu de mémoriels ailleurs qu’à Zagreb. En juillet de ce même été, Marko Perkovic, dit Thompson, a rassemblé à Zagreb un record international d'entrées payantes pour son concert, avec saluts et slogans oustachis entre deux chansons.

 

Le passé est devant nous

Ça se passe aujourd’hui en Ukraine, sur les populations civiles. Peut-être même en Palestine par les temps qui courent, ou dans l’avenir Trumpien. On trouve toujours des nazis pour faire le boulot du Mal lorsqu’il devient à l’ordre du jour.