L’écriture et le jeu théâtral peuvent alors être le lieu de cette résolution. A partir des textes de circonstance ou d’apprentissage qu’on peut glaner en 2012, la jeune troupe du Théatre de la démesure propose une interrogation passionnante, vertigineuse, drôle autant que métaphysique sur la langue qui nous tient.
Des scientifiques séjournent à Concordia, base antarctique, parcourant la nuit polaire dans leur réduit Ikéa de circonstance .
On attend une nov-langue, des bribes scientifiques, un paroxysme de huis clos mais en fait, en dépit des tentatives de « réunion » réelle, les protagonistes échangent à distance dans une langue plate, sans aspérités ni intonation, rendue audible pour nous en post-synchronisation. Leurs échanges respectent notices, mesures, mais surtout le style littéral des méthodes Assimil. C’est plat, désopilant et tragique. Désastre de l’équivalence des « méthodes » (Ikea, Assimil, les efficaces systèmes-marques). Que reste-t-il quand langue, mobilier, vêtements tendent à l’équivalence fonctionnelle, neutralisent toute ambivalence ?
Ici du mythe résiste qui « parle » aussi bien au préhistorique qu’au scientifique de théâtre. Le théâtre (de la vie) comme sentiment communautaire, la langue comme condition minimale, le mythe (ici la femme Bison Blanc) en contamination virale de culture, le voyage aventureux comme dépassement initiatique du réel et surtout la fondamentale base pulsionnelle de la chanson : les chansons des Beatles se comprennent dans toutes les langues.
Des jours plus tard, passés les travaux et les jours du labeur, me reviennent soudain le « Strawberry fields for ever » chanté a capella par la troupe (« gisements de fraise » sous-titrent-ils, en pseudo internet de langue pour tous).
Merci pour tout ça.
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