Dans toutes les démarches d'intervention, les "traversées de terrain", on se demande toujours comment maintenir la qualité du sens et garantir l'impact d'une nouvelle ressource. Comme souvent, l'avance esthétique, philosophique et politique de l'artiste est un enseignement précieux. Ce jour-là, JR, photographe, artiste participatif, comme nous parlons d'observation participante, propose un film sur sa démarche d'accompagement par l'art photographique.
Ce film est magnifique car très humblement, JR son auteur restitue au plus près ce que peut être un accompagnement et la ressource irremplaçable apportée par l’art.
Les lieux d’intervention sont, du point de vue de leur image convenue, parmi les plus pauvres des grandes agglomérations urbaines. Mais cette grande pauvreté, ce désordre n’empêchent pas qu’y vivent des gens qui font de leur mieux, se tiennent debout et pensent leur condition et ce qu’ils ont à
transmettre.
La photographie, l’image de soi qui en découle au travers de « l’élection photographique », puis l’affichage monumental des regards choisis dans l’espace même des habitants produit un impact très émouvant. Par l’art, par l’intelligence du dispositif qui aboutit à ce que les regards des « parias » dominent la ville, l’intervention manifeste la dignité que ces habitantes conquièrent anonymement chaque jour.
Le dispositif esthétique est exigeant en dépit de moyens très modestes : affichages noir et blanc de visages saisis dans une expressivité d’émotion. C’est joué mais silencieux : pas de message, juste la présence d’une affirmation de vie. Celle qu’il faut avoir pour élever des enfants, pour maintenir un espace humanisé dans la précarité.. Ne définir personne par la seule blessure, ne pas assigner au social, questionner la seule représentation..
Leçon d’intervention sociale, leçon d’éthique esthétique, leçon de vie…
Women are heroes, Réal. J.R., durée :1h20, sur les écrans prochainement, contact : Wild Bunch.