Dans un proche avenir les petits humains occidentaux naîtront le mardi ou le mercredi matin, à l’heure où toutes les équipes médicales sont à pied d’œuvre et les jours où la continuité de soins est la mieux garantie. Après les week-ends prolongés, mais assez tôt dans la semaine pour assurer les soins post-opératoires ou traiter d’éventuelles complications.
Sur le mode d’une évidence qui ne se discute pas, un « allant de soi », les protocoles de la naissance dans les sociétés industrielles organisent souterrainement une nouvelle anthropologie de la naissance : un système de croyances et de modalités par lesquelles le petit humain vient au monde, ou plutôt par lesquelles on l’amène au monde.
Sans qu’aucun comité, donneur d’ordre ou autorité morale ou religieuse ne l’ait décidé ou recommandé, une conjonction de pratiques, d’attitudes, de représentations du corps, d’apprivoisement du sauvage, installe une véritable industrialisation de la naissance dont la césarienne de confort est le vecteur principal (pour l’instant).