15 janvier 2024

 

Comment perdre le peuple et que cela finisse en catastrophe

Deux ou trois choses qui fâchent.



Le peuple de Delacroix : Liberté, épopée, sensualité, parole

Trente ans que la gauche assure que le FN ou le RN ou l'ultradroite dit n’importe quoi et qu’il ne faut pas lui répondre.

Le problème depuis trente ans : le FN pose de vraies questions et propose de mauvaises réponses mais comme ils restent seuls à poser ces questions , le peuple finit par s’y reconnaitre.


Qu'est-ce que le peuple ?

Le peuple ce sont les gens que leur travail et leur généalogie rivent à la terre où ils sont nés. Pendant des générations le peuple s’établit, se reconnaît, se tient chaud. Puis la mondialisation survient , qui alimente et promeut et inspire et découle du capitalisme. Cette mondialisation a deux conséquences existentielles pour le peuple :

a. Son métier , son travail ne valent plus rien, ou valent trop cher en comparaison des coûts de la main d’œuvre des pays périphériques

b. Il arrive sur le territoire du peuple (c’est à dire des pauvres) des pauvres d’autres cultures, d’autres religions , issues du vieil empire colonial. Et quelques bonnes âmes respectueuses de la différence finissent par enlever les crèches d’un village à Nantes. Pourtant nous sommes en l'an 2024 , décompté à partir de la naissance du petit Jésus. Je ne suis pas croyant mais je fête Noël et je suis ravi (de la crèche..) de découvrir chaque fois cette attention à la fragilité du tout petit.

Donc insécurité matérielle doublée d’une insécurité culturelle. Depuis les élites des capitales on dit que ce n’est pas bien d’être raciste et c’est vrai que l’assignation d’un individu à autre chose que sa propre histoire est un déficit d’humanité mais on peut constater que si on ne peut pas courir en short au parc de Colombes sans se faire traiter de pute, si on ne peut pas se balader en kippa à Saint Denis ou traverser le quartier de la Monnaie à Roman sur Isère , ou faire un cours sur les provocations de la liberté d’expression ou du génocide juif c'est que certaines évidences historiques ou culturelles ne sont justement plus d'évidence quotidienne. C’est qu’il y a un problème avec la frange islamiste qui apparaît à partir d’une certaine densité de culture musulmane. Ou avec la frange délinquante qui au nom du respect et torturée par le ressentiment inflige le saccage du quotidien aux pauvres. Bruler les bagnoles, imposer la loi du fric du trafic, bruler tout le commun (bus, pompiers, crèches, maisons de la culture, Vélib, mais jamais un stade..)


Donc on fait quoi ?

Je ne sais pas ce qu’on fait

Mais je sais que détourner les yeux et surtout laisser la fachosphere se délecter à donner les détails que toute la gauche essaye de cacher est une erreur car les gens simples pensent que c’est BFM et Bolloré qui parlent vrai.

Il est tout de même renversant que Libération qui s’est créé sur le traitement d’un fait divers (le meurtre d’une jeune fille à Bruay en Artois) considérant que les faits divers racontaient l’état d’une société à l’époque ou ils restaient cantonnés à la presse populaire , qui a suivi les aventures de Mesrine , que ce journal ne soit pas capable de raconter ce qui s’est passé à Crépol et qu’il faille aller chercher l’info sur BFM.

Par contre Libération enquêtera et consacrera une double page sur l’origine de la divulgation des prénoms et des adresses et la dénonciation des rassemblements d’extrême-droite. Dupond-Moretti dit à l'Assemblée que cet événement n'avait rien "d'une razzia" mais Libération dénonce "une ratonnade" le jour de ces manifestations.

L'événement de départ : huit types laissent leurs femmes ou sœurs à la cuisine et se pointent dans un bal de village (où se trouvent des filles et des garçons) avec des couteaux et tuent et blessent les locaux. Pas d’émeute, pas de minute de silence, pas d’enquête journalistique de Libération alors qu'il suffirait juste d'aller écouter les jeunes qui ont vécu cette soirée. En dépit du courage de parler vrai de la maire de Romans sur Isère.

 

Que fait le peuple ?

C’est ainsi qu’on pousse le peuple vers le RN puisqu’il semble être le seul à nommer les choses.

Donc le peuple qui ne peut pas déménager, partir en vacances et voit comment la mondialisation bouffe son quotidien est tenté de renverser la table et de voter pour une vraie nouveauté : "on n’a jamais essayé le vrai changement, idiot, pas très propre, mais au moins enfin tout le monde va être secoué". Comme les Argentins, comme les Hongrois, les Autrichiens et peut-être bientôt les Espagnols le peuple , avec les moyens de la démocratie , pas par la violence urbaine , vote populiste. C’est une belle arnaque, comme Trump aux USA ou Milei en Argentine mais au moins « tout le monde sera dans la merde » : le peuple mais aussi ceux qui partent en vacances et se tiennent au chaud dans les beaux quartiers.

Angela Merkel, avec ses louables bonnes intentions à accueilli un million de réfugiés , musulmans pour la plus grande partie, parmi lesquels comme disait Lagerfeld « une bonne part d’antisémites ce qui n’était pas très opportun en Allemagne ».

Erdogan dit sans cesse que par la démographie les Turcs prendront l’Allemagne.

Le FPD est devenu la première force politique en Allemagne.

L'ironie paradoxale tient à ce que l'Europe aux prochaines élections va être dominée par des anti-européens populistes qui dénoncent depuis trente ans son humanisme, ses règlementations, son écologie, son pacifisme..


Parler du vrai monde

Il est vital de raconter le monde tel qu’il est.

Le RN développe posément son discours, porte cravate tandis que les mélenchonistes éructent, vocifèrent et bloquent. La loi immigration n'a pas été débattue parce qu'une motion de rejet stupide l'a renvoyée en commission et à présent on (par exemple les syndicats solidaires le 14 janvier) demandent son abrogation et « la régularisation de tous les étrangers ». A la fin, le peuple veut de l'ordre et des convictions donc c'est pour l'ordre et les idées simples qu'il finira par voter (tandis que la gauche s'arcboute sur un anti-macronisme délirant) si on ne parvient pas à poser le débat de l'identité nationale. Faite de littérature, de générosité humaniste et de conflictualité finalement apaisée par l'Ecole.