17 mai 2017

Nouvelle Route de la soie, quand les chinois jouent au Go !

Le forum OBOR du 14 mai à Pékin

Xi Jiping président chinois, ouvre un forum international comprenant près de 30 chefs d’état et une centaine de représentants étrangers autour du lancement de la « Nouvelle Route de la Soie ». Aboutissement d’une politique amorcée lors de son investiture en 2013. Il s’agit d’économie, d’industrie mais surtout de stratégie. Elle semble ruineuse et illisible alors qu’elle sera rentable, hégémonique et explicite. Il s’agit d’une partie de go.
Les engagements les plus visibles (car il en est évidemment de plus secrets, bilatéraux) consistent en un fond de 40 milliards de dollars abondés par la banque centrale chinoise et des investissements de centaines de milliards d'euros au Pakistan, en Afrique, en Grèce alors que le monde (occidental) s'interroge sur la signification-même de OBOR « One belt, one road » c'est-à-dire «une ceinture, une route ». Nous avançons ici que tout simplement les Chinois poursuivent une gigantesque partie de go (wéiki en chinois, Baduk en coréen) avec déjà plusieurs coups d’avance.

Une partie de go 

Le but de ce jeu, d’origine chinoise mais répandu par les Japonais, n'est pas d'avancer en ligne, en opposition frontale ou massive mais de développer des territoires à partir de positions pivots. Tels une forêt de bambous géants dont les pionniers ne se suivent pas en ligne mais s'avancent très loin tandis que des vagues suivantes remplissent le terrain. La partie se déroule dans l’espace mais surtout dans le temps, des positions éparpillées s’avérant stratégiquement constitutives au fil du temps. Ici même chose : c'est la signification de belt : un contour final, souple et puissant tel l'échine d'un dragon ou d'un tigre. Les Européens jouent au niveau de l'Europe.  Les Américains ne savent plus comment s'y prendre pour contenir et tenir. C'est donc le bon moment pour les Chinois de jouer leur partition. Le monde est leur plateau de jeu, leur Goban.

Stratégies fatales

A terme l'axe Athènes-Venise-Rotterdam coupe en deux l’espace européen. L’Europe est pénétrée par les ports, aujourd’hui fragiles donc vulnérables au « partenariat » chinois. Les Russes sont juste associés mais stratégiquement dépassés : ils sont offensifs, déstabilisants, assument la violence politique mais n'ont pas les moyens et la stratégie de la longue durée. L’Europe, depuis les décolonisations, n’ose plus œuvrer au niveau mondial, notamment en Afrique où ses pudeurs politiques laissent la place à l’économie chinoise et à l’américanisation des valeurs. Elle se cantonne donc au territoire à peu près européen sans bien savoir où cet espace commence et où il finit, suivant qu’elle privilégie fantasme d’ouverture universelle ou affirmation d’un patrimoine européen. Américains, Japonais, Australiens, chacun ayant moyens et prétention de puissance commerciale sont tenus à l’écart du projet OBOR C’est donc le moment opportun pour la Chine, dans un monde multipolaire et mondialisé qu’elle s’efforce d’organiser à son profit d’empire, une domination économique et structurelle, laissant intacts les régimes politiques et religieux quel qu’ils soient, à la différence des considérations européennes et américaines du XXeme siècle. La maîtrise des flux et des ressources sous  l'égide du vieux thème mythique de la Route de la Soie,  préfigure une mise en coupe réglée des matières premières, une maîtrise des transports, fluvial, maritime et ferroviaire, la suprématie des balances commerciales et l’édification du Yuan comme monnaie d’échange dans toute cette zone, c'est-à-dire le monde, avec probablement à terme un adossement du Yuan à l’or physique, dont Chinois et Indiens détiennent aujourd’hui la plus grande part.
Voilà le monde du XXIe siècle qu'ils s'apprêtent à bâtir. Nous devons apprendre à jouer au go si nous voulons déjouer cette suprématie.

La réponse stratégique de type go 

1. Contenir l’avancée chinoise par des contrôles et contraintes puissantes : au go, on ne peut faire disparaître l’adversaire mais on peut le contenir.
2. Renforcer nos points faibles. Ne pas laisser désarrimer Le Pirée à l’Europe. Les Chinois le veulent, nous devons y investir.

Ces réponses seront respectées et appréciées par les Chinois. L’innocence sera méprisée.

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